“Ce n'est pas tant que le régime de Bouteflika se soit soucié de perdre un président, c'est surtout que devant le risque du changement, le régime s'affole et n'a pas peur de recourir aux pires méthodes pour se maintenir”. Cette déclaration émane du président du Front des forces socialistes, M. Hocine Aït Ahmed, qui a conduit une délégation au Conseil de l'Internationale socialiste, qui s'est tenu lundi et mardi à Athènes, et qui a vu l'élection de George Papandréou, SG du Parti socialiste grec, à la tête de la présidence de l'Internationale socialiste. Continuant sur sa lancée, le patron du FFS estime que la maladie du chef de l'Etat a complètement déstabilisé “l'appareil de propagande officielle qui s'est attelé à masquer les protestations sociales, les grèves, les émeutes, les manifestations violemment réprimées, qui sont le lot quotidien des Algériens”. Pour Aït Ahmed, le président de la République a du pain sur la planche “des missions à accomplir”, dira-t-il, “aux yeux de ceux qui l'ont porté au pouvoir”, citant à titre d'exemple le traité d'amitié avec la France. Cela étant dit, le chef historique est revenu sur le référendum du 29 septembre dernier. À ce propos, il dira que “le peuple n'est pas dupe” et que le régime en place “est peu soucieux de le convaincre”. Sur un autre chapitre, Aït Ahmed révélera que “quel que soit le scénario qui sera retenu par les décideurs pour la succession de Bouteflika qui se prépare en douce, il lui faudra sérieusement tenir compte d'une population en rupture totale avec le pouvoir”. Prônant l'unification du Maghreb, “condition sine qua non pour le développement de notre pays”, le président du FFS martèlera : “Nos pays ne sont pas condamnés à se regarder en chiens de faïence pour l'éternité. Nos peuples ne sont pas voués à être nourris de discours agressifs et d'accusation où le nationalisme étriqué fait office de vérité historique.” L'orateur ira jusqu'à évoquer les récents développements à l'échelle méditerranéenne. Accusant l'Europe de traiter les pays du Sud de colonies “hier pas mûres pour l'indépendance, aujourd'hui pas mûres pour la démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'Homme”, Aït Ahmed relève amèrement “le bilatéralisme, ajouté aux menaces terroristes” qui “consolide les dictatures corrompues”. Pour lui, cela n'apporte que de l'eau au moulin des tenants du “choc des civilisations” et d'une montée de l'obscurantisme. Le réquisitoire d'Aït Ahmed sera plus sévère en abordant les questions internationales, notamment le nouvel ordre mondial imposé par la Maison-Blanche. Il dira, à cet effet, que “l'empire américain, sous la houlette de l'administration néo-conservatrice veut imposer son ordre militaroéconomique à l'ensemble de la planète”. L'orateur fera évidemment le lien entre “les récents développements de la crise israélo-palestinienne avec la victoire du Hamas aux élections” et la volonté de Washington “de sanctionner le peuple palestinien au prétexte de sanctionner Hamas”. Aux yeux d'Aït Ahmed, ces manœuvres malsaines ne visent, en fait, qu'à “faire baisser les bras aux forces sociales qui disent qu'un autre monde est possible”. FARID BELGACEM