Boudjerra Soltani, président du parti islamiste, le Mouvement pour la société de la paix (MSP), s'est saisi de l'affaire des caricatures du Prophète Mohamed, pour réinvestir le terrain de la contestation. Sans attendre une quelconque autorisation des autorités, il a décidé d'organiser une journée de protestation, demain à la place du 1er-Mai. C'est ce qu'a annoncé Boudjerra Soltani, lors d'une conférence de presse animée, hier, au Palais des expositions. Outré, Soltani est allé jusqu'à assimiler cette affaire à “une croisade contre le monde musulman”. “Notre dignité a été bafouée. Quand on touche à la personnalité du Prophète, on ne peut pas ne pas réagir”, s'est-il emporté. Aux yeux du dirigeant islamiste, cette “provocation” ne peut qu'“ajouter de la tension” à une situation déjà assez tendue et ne fera que “nourrir le terrorisme”. “Des jeunes se sont rapprochés de nous, nous avertissant de réagir à l'offense. Si on peut retenir nos militants de verser dans la violence, on ne peut pas le faire pour les autres”, a-t-il révélé. Estimant qu'il est du devoir de tout musulman de réagir à cette agression, il leur emboîtera le pas en menaçant, à son tour, d'“aller au-delà” du boycott des produits danois. Et d'avertir : “Le sit-in de lundi n'est qu'une première action”. Au plan interne, Boudjerra Soltani laissera entendre, à travers ses réponses aux questions des journalistes, que le remaniement ministériel tant de fois annoncé est dans l'air. “Le remaniement gouvernemental n'est pas un événement mais quelque chose de normal. Aujourd'hui, ce n'est pas le nombre de portefeuilles ministériels qui importe, mais plutôt la qualité du ministère qui est sous notre responsabilité”, dira-t-il. Une manière, peut-être, pour Soltani, de préparer ses troupes à un probable amincissement de la représentation de son parti au sein du prochain staff gouvernemental. Justifiant les tiraillements au sein de l'alliance présidentielle, Soltani indiquera qu'en dehors du pacte communément signé, chaque parti est libre d'avoir les positions qu'il veut. “Nous ne sommes pas un parti unique, ni un front”, a-t-il remarqué. Un raisonnement qui l'a poussé à s'inscrire en faux contre son Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, pour qui l'augmentation des salaires est “illégitime”. “Au regard de la bonne santé financière du pays, la politique des salaires doit être revue. Il y a lieu de réviser toutes les lois organisant le monde du travail”, soutient Soltani. Bien plus, il a qualifié la gestion des affaires publiques par le gouvernement actuel de “très mauvaise”. Pourquoi alors ne pas quitter carrément le vaisseau gouvernemental ? “Même si on est perdant, on ne quitte pas un match de football dès la première mi-temps. Il faut attendre les 15 dernières minutes pour décider”, conditionne-t-il. Et de “l'après-Bouteflika”? “Ce n'est pas dans nos mœurs de parler de la fin d' un homme élu pour un mandat de cinq ans. Parler de l'après-Bouteflika n'est rien d'autre que mettre les bâtons dans les roues de la présidence de la République. C'est un complot contre l'Etat algérien. Car il n'est pas le président du FLN, du RND ou du MSP mais de l'Etat algérien”. ARAB CHIH