Le Mouvement démocratique et social (MDS) a fait état hier, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, des résolutions de son conseil national du 26 janvier dernier, et a annoncé l'organisation de son congrès pour le mois d'avril prochain. Ce fut aussi, pour le parti de feu El-Hachemi Cherif, l'occasion de donner sa lecture des évènements intervenus ces dernières semaines sur les scènes nationale et internationale. Dans son allocution introductive rédigée par le bureau national du MDS et lue par M. Hocine Ali, coordinateur du parti, il est noté d'emblée que “le pouvoir accapare tous les leviers”, “y compris la religion” pour contrôler la société. Le premier responsable du MDS fait observer que les ministres et les partis de l'alliance présidentielle, oubliant leurs divergences et “se joignant aux islamistes les plus virulents des quatre coins du monde”, réagissent ensemble et de concert à la publication au Danemark de dessins associant le Prophète Mohamed au terrorisme. Hocine Ali rappelle, à ce stade de son intervention, que “c'est l'islamisme politique qui a fait le plus de tort à l'Islam” et que les Algériens, qui “le savent plus que quiconque”, n'attendent pas d'injonction pour “réprouver cette instrumentation de la religion à des fins politiques”. La société algérienne, “par sa dramatique expérience”, sait que les premières victimes de la manipulation de l'Islam sont les musulmans eux-mêmes et que les Algériens ne peuvent pas, par conséquent, “accepter qu'on ramène l'Islam aux poseurs de bombes et aux violeurs”. C'est essentiellement pour cette raison, selon le MDS, qu'ils “sauront déjouer les tentatives de susciter leur réprobation”. Car, lit-on encore dans la déclaration, l'islamisme est condamné “autant par sa barbarie que par sa participation au pouvoir” qui l'a amené, le 29 septembre dernier, à “cautionner la fraude lorsque les Algériens lui ont refusé l'impunité en boycottant massivement le référendum” sur la paix et la réconciliation nationale. L'islamisme serait-il donc à ce point disqualifié, comme n'a cessé de le souhaiter le parti d'El-Hachemi Cherif ? Le MDS y croit, manifestement. Mais il relève que “le pouvoir ne prétend plus interdire à l'islamisme l'instrumentalisation de la religion mais choisit de se lancer dans une surenchère pour lui disputer la possibilité de régenter les croyances”. Tout compte fait, à s'en tenir à l'analyse du MDS, la République n'est donc pas sortie de l'auberge et il y a lieu de le croire quand Boudjerra Soltani, président du MSP, s'arroge le droit d'annoncer lui-même, sans peur d'être démenti, que “c'est le président de la République qui a interdit la diffusion de l'émission de Star Academy à l'ENTV”. Les démocrates ont donc du pain sur la planche, et au MDS on aura certainement à en débattre en profondeur lors du congrès qui devrait se tenir en avril prochain. M. Moulay Chentouf, membre du bureau national présent hier aux côtés de Hocine Ali, il va falloir aussi aller à la constitution d'un pôle démocratique. “Cela prendra le temps qu'il faudra, mais nous y arriverons. 2007, 2009, peu importe…”, dit-il. Avec qui ? Il cite le FFS, Rédha Malek, le CCDR et des associations syndicales et autres acteurs de la société civile. “Des contacts ont été établis avec le RCD, mais les élections partielles nous avaient empêchés de poursuivre nos discussions”, précise Hocine Ali. “Le RND n'est pas un parti de la mouvance démocratique”. Farouk Lekhmici