La commission d'enquête sur la passation des marchés publics poursuit ses investigations à travers la wilaya d'El Tarf. Après presque une semaine, rien n'a filtré des nombreuses enquêtes qui sont objet de toute discussion en lieu public. En l'absence d'interlocuteur fiable, la rumeur demeure maîtresse des lieux. Mais une chose est sûre à El Tarf, plus de 300 responsables entre élus et directeurs exécutifs et autres seront auditionnés par les membres de cette commission dépêchée de Constantine pour tirer au clair la situation et savoir où sont passés les milliards de dinars alloués à cette wilaya dans le but d'asseoir un développement durable depuis seulement 2003. Les enquêtes menées sur des transactions de marchés publics douteux et qui ont vu le déferlement de personnalités au niveau du siège de groupement de gendarmerie de Ayous, choisi comme le quartier général, éclaireront incontestablement l'opinion publique sur de sordides affaires. Personne ici à El Tarf ne pourrait dire le contraire, “il y a eu beaucoup à manger et à boire”. Ici, les honnêtes gens n'ont pas aussi droit de cité, ils sont poursuivis, harcelés, chassés par une caste ayant pris les rênes de cette wilaya, agissant en maîtres des lieux et se croyant au-dessus de la loi. Des milliards engloutis par les vagues, il y en a ; et leur histoire est connue par tout le monde. Le secteur éducatif est, semble-t-il, le plus touché. Dans les classes en hiver, les enfants grelottent de froid pendant que leurs bourreaux sont au chaud. Les cours d'écoles sont inondées. L'eau, après de soi-disant travaux d'étanchéité faits et refaits à coup de millions de dinars, dégouline de partout et la boue envenime le quotidien de ces jeunes potaches, et personne ne dit mot. Ceux ou celles qui ont tenté de dénoncer ces malversations ont été muselés, voire même jetés en prison. Tout le monde se souvient encore des 4 milliards dilapidés par Mme Zouali, ex-receveuse qui s'est volatilisée dans la nature grâce à des complicités de l'administration. Celui qui a payé est un jeune qui crie toujours haut et fort son innocence. Trois ans de prison ferme pour le jeune Arab. La wilaya d'El Tarf a bénéficié, lors du passage du premier magistrat du pays le 29 juin 2003, d'une somme de plus de 620 milliards de dinars. Sur le terrain, les malfaçons ont été légion dans les constructions mais aucune n'a été prise en compte pour mettre un terme à ce massacre généralisé même si la vie de personne est en danger. Après la consommation de presque 100 milliards de centimes, les contours du nouveau port d'El Kala ne sont encore pas visibles. Et c'est tout l'espoir d'une jeunesse qui s'évapore. En tout état de cause, la population de cette wilaya attend énormément des membres de cette commission qui a épluché, durant une dizaine de jours, des tonnes de dossiers. Même ceux qui ont été oubliés ont été déterrés et mis à leur disposition sur injonction du procureur général du parquet d'Annaba, allant du foncier où des terres agricoles sont sacrifiées au profit du béton grâce à la complicité de commis de l'Etat, à ce qu'on appelle l'immobilier scolaire confié depuis maintenant 5 ans à la Dlep où plus de 6 milliards ont été consacrés. Sur le terrain, la situation de ce malheureux secteur n'a pas changé d'un iota, hormis les quelques poudres aux yeux. Des établissements nouvellement réalisés, à l'image du lycée de Chébaïta et du collège d'enseignement moyen de Ramel Souk sont, après quelques mois de fonctionnement dans un état précaire, ne disposant même pas d'enceinte ni de chauffage. Ces réalisations qui tardent à venir font l'objet de nombreuses contestations. Il est vrai que ces, enquêteurs secondés par des experts auront du pain sur la planche et leur mission n'aura pas un moment de répit. Il y a aussi ces concessions, ces sablières, ces lacs .... Toute la population de la wilaya attend les résultats de ces enquêtes menées tous azimuts par des colonels de la gendarmerie venus de la ve Région militaire, rejoints quelques jours par des experts économiques. La population est confiante, c'est en tout cas ce qui se dit actuellement. L'ère du “beylek” sera certainement à jamais révolue… C'est du moins le souhait d'une population qui n'a jamais demandé la lune mais le minimum d'une vie décente. Tahar Boudjemâa