L'auteur de la célèbre phrase-ritournelle, le chroniqueur du journal Le Soir d'Algérie, Hakim Lâalam, vient d'être condamné par la cour d'appel d'Alger à six mois de prison ferme. En première instance, Lâalam avait écopé de la même peine, mais avec sursis. Le cauchemar continue, en effet, pour la petite communauté de journalistes algériens dont trois membres sont déjà sous les verrous. Le rouleau compresseur actionné par la justice, un certain 14 juin 2004, date à laquelle Mohamed Benchicou, directeur du Matin, avait été jeté en prison et son journal liquidé, continue à broyer inexorablement les professionnels des médias privés dans une indifférence quasi totale. Une menace avérée pèse sur au moins 18 journalistes condamnés en 2005 à de lourdes peines de prison. Trois directeurs de journaux : Fouad Boughanem (Le Soir d'Algérie), Ali Djerri (El Khabar) et Omar Belhouchet (El Watan) cumulent à ce jour respectivement, 13, 11 et 10 condamnations pour délits de presse. Le caricaturiste du journal Liberté, Ali Dilem, lauréat de plusieurs prix internationaux, a été condamné 12 fois pour délit d'humour, alors que Benchicou, harcelé par la justice jusque dans sa cellule de prison, totalise pour l'instant, à lui seul, 32 procès pour délit de presse. De là à considérer les journalistes et les dirigeants de journaux parmi les plus importants, faut-il le rappeler, comme “délinquants multirécidivistes”, il n'y a qu'un pas que l'appareil judiciaire, totalement inféodé au régime, n'a pas hésité à franchir, ravalant l'Algérie à un rang indigne des sacrifices de ses enfants. Face à ce vrai putsch contre les libertés constitutionnelles, le Comité Benchicou pour les Libertés ne cessera pas d'alerter l'opinion interne et internationale sur ces atteintes multiples à la liberté de la presse et, à travers elles, à l'idéal démocratique dans ce pays. Convaincu que la liberté de presse est un acquis citoyen et sa défense un devoir qui s'impose à tous, il appelle, de nouveau, les Algériennes et les Algériens à s'opposer, dans un sursaut pacifique et émancipé, aux actes liberticides du régime en place en disant non à la mise à mort de la liberté de la presse. Alger, le 3 mars 2006