L'assassinat du maire de Si Mustapha aura eu l'effet d'une bombe dans la région. Au-delà de la consternation suscitée par la perte d'un homme estimé de tous, l'onde de choc de la tragique nouvelle va profondément ébranler ses homologues des communes environnantes. On redoute un retour forcé des assassinats ciblés. Les magistrats locaux se sentent à la fois surexposés et désemparés. Le vice-président d'une commune nous dit : “Je ne veux même pas être armé. La possession d'une arme ne m'attirera que des ennuis.” Hamid Hirèche étant un élu FLN, de même que ceux qui ont péri récemment dans un attentat à Chettaïbi (Annaba), d'aucuns parmi les militants de base de la formation de Ali Benflis n'hésitent pas à parler d'un “complot contre le FLN”, hypothèse que vient corroborer l'affaire du député Kamel Benbara, assassiné à Paris dans des conditions scandaleuses. Nous avons voulu sonder l'état d'esprit des maires en exercice dans les communes limitrophes fraîchement portés à la responsabilité. Ainsi, celui de Legata, une localité située en rase campagne, dans une espèce de no man's land agricole entre les Issers et Bordj Ménaïel, nous dira stoïque : “J'ai brigué un mandat. Je l' assumerai jusqu'au bout. El-mout wahda.” Celui de Zemmouri nous tiendra les mêmes propos. Mais cet ancien cadre d'un centre de recherches de la Sonatrach aura cette judicieuse réflexion au bout des lèvres : “L'assassinat de notre ami Hirèche pose avec acuité le problème de la protection des élus. Le dernier membre de l'exécutif d'une wilaya jouit d'une résidence sécurisée. Les magistrats municipaux, eux, sont livrés à eux-mêmes.” A Timezrit, une commune déshéritée perchée sur les hauteurs des montagnes, à l'orée du fameux Sidi-Ali Bounab, le maire, un jeune élu FFS, se dit engagé jusqu'au bout. Son premier adjoint fera remarquer : “Notre sécurité, nous la puisons dans la confiance placée en nous par la population qui nous a élus. C'est elle qui veille sur nous !” M. B.