Pas moins de 80 aviculteurs sur la centaine activant dans cette wilaya viennent de mettre la clé sous le paillasson après avoir subi des pertes très importantes. Normale quand le poulet est cédé à 60 DA. Comme partout dans le pays, le spectre de la grippe aviaire est derrière l'effondrement de la filière du commerce des viandes blanches dans les communes de Annaba. Selon les professionnels du secteur, pas moins de 80 aviculteurs sur la centaine que compte la wilaya ont fermé leur porte, après avoir perdu l'équivalent de 20 millions de centimes par lot de 1 000 poulets. Le prix du poulet vif au marché de gros a atteint aujourd'hui le prix de 60 DA. Beaucoup d'industriels ont tout perdu, même si quelques-uns se sont convertis provisoirement dans d'autres créneaux “en attendant que les choses reviennent à la normale”. D'autres s'accrochent, tant bien que mal, à leurs activités, malgré les grosses pertes qui les ont obligés à diminuer les élevages de poussins. “L'Etat ne fait rien pour les aider. Certains ont tout simplement fait faillite ; il ne leur reste plus rien pour vivre”, estime le président de l'Ancaa. Le prix des poussins d'un jour, qui étaient commercialisés à 70 DA, est tombé à 30 DA la pièce, et l'offre est de plus en plus restreinte, étant donné la faible consommation en fin de chaîne. Les éleveurs, quant à eux, hésitent à investir, quand on sait que la nourriture des poussins se chiffre à 250 000 centimes le quintal. Au niveau du détaillant, les prix de vente remontent légèrement depuis les 10 derniers jours en raison de l'absence de l'offre, et le prix du kilo, qui était aux alentours de 130 DA, balance aujourd'hui entre 160 et 170 DA. Cependant, nombreux sont les consommateurs qui ne sont pas convaincus de la bonne qualité du poulet, malgré les différentes campagnes de sensibilisation à ce sujet, se tournant résolument vers les viandes rouges, et en particulier vers le congelé qui vient, du coup, de connaître des hausses. Paradoxalement, les rôtisseries de Annaba tiennent le coup et ne sont guère affectées. Leurs prix ont à peine baissé : le poulet rôti se vend à 450 DA, alors qu'il était cédé, par le passé, à 500 DA et les gens consomment sans réticence. “Je sais que les virus éventuels sont détruits à la cuisson, mais je ne veux pas avoir à le préparer moi-même”, explique cette dame attendant sont tour dans une rôtisserie du centre-ville. Ce phénomène, selon M. Guedjali Saddek, détaillant dans le commerce de poulet, est inexplicable : “Ce n'est qu'à Annaba que cela se passe.” Hafiza M.