L'on n'exclut pas l'application de plusieurs solutions à la fois si la situation venait à se dégrader encore plus. Les négociations entre les délégués des professionnels de la filière avicole et les représentants des pouvoirs publics à propos du traitement à réserver aux doléances des opérateurs de la branche avicole se sont poursuivies hier, pour la deuxième journée consécutive, sans parvenir à dégager une solution consensuelle. C'est ce que nous avons appris de sources proches de la Coordination nationale des professionnels de l'aviculture, qui précise que les discussions risquent de s'étaler dans le temps. Certes, ce n'est pas la première fois que les deux parties se réunissent afin de débattre de la requête des aviculteurs en bute à d'énormes difficultés en raison de la crise provoquées par la psychose de la grippe aviaire qui a induit une baisse vertigineuse du niveau de la consommation des viandes blanches. Les pertes subies par les opérateurs de la filière se chiffrent, depuis le début de la crise, à des centaines de millions de dollars. Cette situation avait poussé les professionnels de la branche à s'organiser et à se regrouper au sein d'une coordination nationale pour porter leurs revendications à la connaissance des pouvoirs publics. Jusque-là, les différents rounds de négociations entre les deux parties n'ont pas réellement fait avancer les choses dans ce dossier épineux. Pour le moment, trois options se présenteraient pour le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour venir en aide aux opérateurs. La première solution consisterait en un traitement fiscal de la crise à appliquer aux concernés par le biais d'un abattement ou d'un dégrèvement d'impôts. La deuxième hypothèse porterait sur une aide directe à apporter aux opérateurs qui ont subi des pertes, alors que la dernière option prendrait en charge le problème à travers un rééchelonnement des dettes. Toutefois, l'on n'exclut pas l'application de plusieurs solutions à la fois si la situation venait à se dégrader encore plus. Mais actuellement, le marché de la volaille est en train d'émettre des signaux de stabilité. En effet, après avoir frôlé les bas fonds en terme de prix de vente, le marché a, selon toute vraisemblance, repris des couleurs. Plus encore, les prix de la viande blanche en général et celui du poulet en particulier ont connu une hausse considérable atteignant des niveaux surprenants. Alors qu'il y a quelques semaines, le poulet se vendait sur les étals des bouchers à 120-130 DA le kg, ces derniers jours, il est proposé à pas moins de 200 DA dans plusieurs marchés de la capitale. Quelles sont les raisons de cette remontée des prix ? Certains n'hésitent pas à la mettre sur le compte de la reprise de la consommation. Le citoyen ne voyant pas la grippe aviaire arriver en Algérie, puisque jusqu'à présent aucun cas n'a été détecté et ce, malgré la contamination enregistrée dans beaucoup de pays, se serait donc remis à acheter du poulet toujours considéré comme la viande du pauvre en raison de son prix plus accessible comparativement à celui de la viande rouge. Cependant, d'autres expliquent cette hausse des prix par la baisse de l'offre sur le marché. La crise qui s'est emparée du secteur avicole a, à l'évidence, contraint beaucoup d'opérateurs du secteur à réduire leur production, au moment où d'autres ont carrément mis la clé sous le paillasson. Quoi qu'il en soit, cette hausse inattendue a apparemment influé sur les négociations entre les délégués des opérateurs et les représentants des pouvoirs publics. Ces derniers ne voudraient pas précipiter les choses avant que ne soit définitivement écarté le risque d'apparition de la grippe aviaire en Algérie. Et pour cela, il faudra attendre jusqu'au mois de mai et peut-être même au-delà. Les flux migratoires d'oiseaux de retour d'Afrique centrale et du Sud pourraient s'étaler encore dans le temps. C'est à partir de là qu'un bilan des pertes pourrait être cerné avec plus ou moins de précision. Et c'est justement la raison pour laquelle les résultats des négociations entre les aviculteurs et les responsables du ministère de l'Agriculture ne seront pas connus de sitôt. Hamid Saïdani