Le Polisario a réagi à l'adoption récente, par l'Union européenne, d'un accord de pêche avec le Maroc. Dans une déclaration rendue publique avant-hier, Mohamed Sidati, ministre sahraoui délégué pour l'Europe, estime que cette ratification est à la fois une “erreur gravissime”, une “caution au brigandage international” et une “spoliation” des richesses naturelles sahraouies. “En cédant à leurs penchants colonialistes, et afin de perpétuer un fait colonial au Sahara occidental, l'Espagne et la France ont entraîné les Etats de l'UE dans leur folle aventure”, accuse-t-il, qualifiant cette décision de “page noire” dans l'histoire de l'Union européenne. M. Sidati affirme aussi que l'UE “sait pertinemment” que la communauté internationale “ne reconnaît toujours pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental”. Mais, en agissant de la sorte, l'Europe “fait tout simplement abstraction du statut juridique” que l'ONU attribue au territoire sahraoui, note-t-il, rappelant l'avis du bureau juridique du Conseil de sécurité du 29 janvier 2002 et la mention de statut de “territoire non autonome” du Sahara occidental. Pour le ministre sahraoui, l'adoption de l'accord de pêche avec le Maroc n'est rien d'autre qu'une “vaste entreprise de pillage et d'accaparement des ressources naturelles et une violation flagrante du droit international”. À Mohamed Sidati de prévenir alors que son mouvement “usera de tous les moyens pour défendre ses droits légitimes”. La décision de l'UE est interprétée, par des observateurs, comme “un soutien” à l'occupation marocaine dans l'ex-colonie espagnole. Selon eux, elle vient appuyer la “realpolitik” défendue dernièrement par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, un argument pourtant rejeté par le Conseil de sécurité, lors de sa dernière réunion. L'adoption de l'accord de pêche a été différée depuis plusieurs années par les réticences d'Etats européens et les critiques de parlementaires européens et d'ONG, en raison de la couverture d'une zone maritime au large du territoire non autonome du Sahara occidental, dont le processus de décolonisation est toujours en cours. Lundi dernier, seule la Suède a voté contre son adoption, en rappelant que le Sahara occidental “ne fait pas partie du territoire du Maroc”. Cette décision a été saluée par les Sahraouis. H. A.