L'Otan et ses sept partenaires méditerranéens se réunissent, vendredi, au Maroc afin d'approfondir leur coopération, lancée il y a une dizaine d'années. “(…) Ce sera la première fois que le Conseil de l'Atlantique Nord, tous les ambassadeurs, se réunit dans un pays arabe”, a indiqué le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, qui doit présider la réunion. Les représentants permanents des 26 pays membres du Conseil de l'Alliance ainsi que les directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des sept pays participant au “Dialogue méditerranéen” (Israël, Jordanie, Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) prendront part à cette rencontre, selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères. Les débats se tiendront à huis clos. Selon Jaap de Hoop Scheffer, l'ordre du jour est consacré à l'avancement du “Dialogue méditerranéen” mais “un volet politique et militaire” n'est pas exclu. Le “Dialogue méditerranéen” est un programme de coopération lancé en 1995 entre l'Otan et sept pays du Maghreb et du Proche-Orient. Il n'a, cependant, jamais dépassé le stade des contacts informels, en raison principalement de la persistance d'Israël dans son déni des droits du peuple palestinien à un Etat souverain dans les frontières d'avant-1967 reconnues internationalement ainsi que de l'image négative qui colle à l'Alliance Atlantique aux yeux des riverains du sud de la Méditerranée. L'Otan reste pour eux l'instrument de puissances hégémoniques. Les dirigeants de l'Alliance, conscients de ce déficit, se sont engagés à améliorer son image, ce qui explique également le mouillage régulier de bâtiments de l'Otan dans les ports du sud de la Méditerranée. Les dirigeants de l'Alliance Atlantique ont, par ailleurs, décidé de relancer le “Dialogue méditerranéen” en juin 2004, à Istanbul, lors de leur sommet. La dernière rencontre entre l'Otan et les Sept s'est déroulée en février en Sicile, au niveau des ministres de la Défense de chacun des pays concernés. L'Otan, qui multiplie les relations de partenariat à travers le monde, cherche de fait à nouer des liens privilégiés dans le Maghreb, notamment où des manœuvres conjointes avec les armées locales sont régulièrement menées simulant des opérations humanitaires. L'Otan souhaiterait intéresser ses partenaires du Sud à la participation à l'opération “Active Endeavour (engagement actif)”, lancée par elle en Méditerranée après les attentats du 11 septembre 2001. Il s'agit de patrouilles en Méditerranée et dans le détroit de Gibraltar pour surveiller la circulation de navires marchands. Les pays du Sud souhaitent, eux, voir leur partenariat avec l'Otan s'approfondir et ne concerner qu'une approche strictement sécuritaire afin de s'attaquer aux véritables causes des défis dans leur région : le développement économique et social, la mise à niveau avec le continent d'en face. D. Bouatta