L'ancien directeur de cabinet de son adjoint Dick Cheney a affirmé devant la justice qu'il avait agi dans l'affaire de l'agent de la CIA, Valerie Plame, sur la base de l'autorisation de George Bush. À la Maison-Blanche, c'est le mutisme total. Aucun commentaire n'a été fait sur les révélations de Lewis Libby, l'ex-chef de cabinet du numéro deux américain, qui a assuré avoir orchestré les fuites d'informations sensibles sur la guerre en Irak, avec l'accord du locataire du bureau ovale. La divulgation du nom d'un agent secret de la CIA en ferait partie. Devant le grand jury enquêtant sur l'affaire Plame, il a reconnu que Dick Cheney lui avait dit de transmettre ces informations et que c'était le président Bush qui avait autorisé cette fuite. Selon les documents, ce feu vert s'est traduit, le 8 juillet 2003, par une conversation entre M. Libby et Judith Miller, journaliste au New York Times. Les documents de justice, révélés par des procureurs américains dans le cadre de l'affaire Valerie Plame, montrent que le président et le vice-président ont permis à M. Libby de fournir secrètement à des journalistes des informations des services du renseignement concernant l'Irak avant la guerre. Cette affaire a conduit à l'inculpation en octobre du directeur de cabinet de Dick Cheney, Lewis Libby, pour obstruction à la justice, faux témoignage et parjure, d'avoir menti aux enquêteurs et au grand jury sur l'origine de la fuite. Il encourt une peine maximale de 30 ans de prison et un million 25 000 dollars d'amende. Son procès doit débuter en janvier 2007. Les opposants de Bush estiment que l'objectif était de discréditer le mari de Valérie Plame, l'ex-ambassadeur Joseph Wilson, opposant déclaré à la guerre en Irak. Pour les plus hauts responsables de l'opposition démocrate le président américain a sacrifié la sécurité du pays à “des gains politiques”. Refusant de commenter les déclarations de Lewis Libby, le porte-parole du président américain, Scott McClellan, s'est contenté de faire la distinction entre déclassification et fuite. “Il y a une procédure légale en cours et notre politique consiste à ne pas la commenter aussi longtemps qu'elle dure”, s'est-il limité à déclarer. “Il y a une différence entre fournir des informations déclassifiées au public quand c'est dans l'intérêt du public, et dévoiler des informations sensibles des services du renseignement qui concernent notre sécurité”, a-t-il en outre précisé. Ces révélations ont eu un effet très négatif sur la popularité de George Bush, comme l'indique les résultats d'un sondage publié vendredi soir. En effet, la cote de popularité du président américain George W. Bush et de ses alliés républicains au Congrès est au plus bas, révèle le sondage AP-Ipsos. Tony Fabrizio, spécialiste républicain des enquêtes d'opinion, estime que “les chiffres sont effrayants. Nous avons perdu tous les avantages que nous avions”. “La bonne nouvelle est que les démocrates n'ont vraiment pas de plan, la mauvaise est qu'ils n'en ont peut-être pas besoin.” Pour en revenir aux résultats du sondage, il faut dire que seulement 36% des Américains approuvent l'action de George W. Bush, son plus faible score jamais enregistré dans une enquête AP-Ipsos. Par comparaison, sa cote de popularité était de 47% à la veille de l'élection présidentielle de 2004 et de 64% chez les électeurs inscrits en octobre 2002. Le sondage montre également que seuls 40% approuvent son bilan en matière de politique étrangère et dans la guerre contre le terrorisme. Une chute de neuf points en un an est le niveau le plus bas enregistré depuis le début de sa présidence. Juste avant le scrutin de mi-mandat en 2002, 64% des électeurs inscrits soutenaient M. Bush sur ces deux questions. Par ailleurs, seulement 35% approuvent sa politique irakienne, autre plus mauvais résultat pour Bush. Cela se répercute sur le parti républicain, puisque à une majorité de 49% (contre 33%), les Américains préféreraient voir les démocrates, plutôt que les élus du Grand Old Party, contrôler le Congrès. Cette avance de 16 points est la plus confortable jamais recueillie par le Parti de l'âne. K. ABDELKAMEL