L'alliance de gauche de Romano Prodi a remporté à l'arraché les législatives italiennes et a annoncé son intention de former le nouveau gouvernement en dépit de l'appel du camp de Silvio Berlusconi à un nouveau décompte des voix. Le scrutin a montré un pays coupé en deux camps de forces à peu près égales puisque 25 244 votes seulement sur 37 millions de suffrages exprimés ont donné la victoire à la gauche à la Chambre des députés, 340 députés contre 277 grâce à la “prime au vainqueur”, et qu'il a fallu attendre le décompte des votes des Italiens de l'étranger pour lui donner également la victoire au Sénat (158 contre 156 ou 157). Romano Prodi a annoncé, hier, après avoir revendiqué la victoire une nouvelle fois, qu'il allait “se mettre immédiatement au travail pour réunifier le pays, remettre l'Italie en marche (...) au service de tous les citoyens” et a appelé à “tourner la page” du berlusconisme. Devançant les critiques sur la fragilité de sa coalition, l'ancien président de la Commission européenne a également promis au pays un gouvernement qui “sera fort politiquement et techniquement”. Affirmant vouloir mettre “l'Europe et la paix” au centre de son programme, M. Prodi a ajouté : “Ce sera un gouvernement pour tous les Italiens, même pour ceux qui n'ont pas voté pour moi.” Il a estimé que “les marchés financiers et la communauté internationale accueilleront favorablement ce nouveau gouvernement”. Pour les analystes de la capitale économique italienne, la tâche s'annonce difficile pour le futur gouvernement qui devra mener, sans grande marge de manœuvre, des réformes jugées indispensables pour redresser une économie mal en point. “Il va être difficile de gouverner et de trouver le chemin des réformes structurelles”, déclarait ainsi Paolo Pizzoli, analyste de la banque ING qui estime que “l'absence de marge de manœuvre au sein de la coalition (de gauche) complique la tâche”. Le calendrier politique prévoit que les deux chambres du nouveau Parlement se réunissent à partir du 28 avril, pour désigner leurs présidents et se constituer en groupes parlementaires. Dans un délai de quinze jours, soit avant le 13 mai, le Parlement doit élire un nouveau président de la République, le mandat de sept ans de Carlo Azeglio Ciampi arrivant à expiration le 18 mai. Le choix d'une personnalité politique en mesure de rassembler les voix nécessaires pour être élu constituera une première épreuve pour les forces politiques en présence. À défaut d'un autre choix, M. Ciampi, personnalité de consensus, pourrait être reconduit s'il donne son accord pour un second mandat. En l'état actuel des choses, M. Ciampi, 85 ans, ne semble pas intéressé par cette perspective. Le nouveau président aura ensuite la charge de désigner la personne chargée de former le nouveau gouvernement. Du fait de sa victoire dans les deux chambres, Romano Prodi une fois son exécutif formé, demandera ensuite l'investiture au Parlement et commencera à gouverner avec le soutien de sa coalition, qui va des communistes et des Verts aux centristes. Parmi les premières mesures du futur gouvernement figure un retrait accéléré “en concertation avec les autorités locales” des quelque 3 000 soldats italiens en Irak. Romano Prodi avait fait de cette mesure réclamée par toute la gauche l'un des points forts de sa campagne. Il a estimé, hier, devant les journalistes devoir appliquer intégralement “un programme qui avait permis la victoire”. R. I./Agences