Quelques instants après l'ouverture de la séance par le président Mahmoud Zaïm, la grande salle de conférences a connu un mouvement de protestation animé par les élus des différents partis politiques (El-Islah, FFS, RND et même FLN) reprochant au bureau de ne pas leur avoir envoyé les documents soumis à l'étude en temps opportun. L'ordre du jour étant lui-même contesté, la plupart des élus avaient demandé le report de deux points inscrits initialement à cette session, à savoir le dossier de La Casbah et des terres agricoles considérant que ces dossiers, d'une très grande importance, nécessiteraient une séance extraordinaire pour leur étude. La demande a fini par être accordée après un vote à main levée. Inscrite en premier lieu, l'intervention du wali liée à l'exposé du bilan a également été reportée à une date ultérieure (aujourd'hui ou samedi), sachant que les débats autour du budget primitif s'annonçaient chauds dès le début. D'ailleurs les protestations liées aux retards répétés n'ont pas cessé durant plus d'une heure. M. Zaïm a eu recours à la méthode dure pour imposer le calme. Il a menacé de faire évacuer par “la force” toute personne ne respectant pas l'ordre. Ces retards ont fait, selon les élus, l'effet boule de neige quand on sait, par exemple, que le budget supplémentaire 2005 n'a été présenté qu'en septembre dernier. Alors que normalement le budget primitif devrait être étudié vers la fin de l'année dernière, c'est au milieu du mois d'avril de l'année en cours qu'il est soumis à l'étude et l'approbation. Pis, selon les mêmes élus, une enveloppe de 300 milliards de centimes représentant le fonctionnement (salaires des Epic de la wilaya) a été signée par le P/APW sans être soumise au préalable ce qui, au regard de la loi, s'inscrit en faux. Cette opération non conforme à la réglementation n'a pas manqué de faire réagir l'élu FFS en renvoyant M. Zaïm à l'article 142 de la loi 90-09. “Comment fait la wilaya pour payer son personnel alors que les budgets ne sont pas votés ?” dira-t-il. Ce même élu, interpellant son président, parlera de la consommation abusive de bons d'essence. “Plus de 110 carnets partent chaque année vers des destinations autres que la wilaya”, fera-t-il remarquer. Un autre élu notera que 7 avocats coûtent à la wilaya 1,5 milliard de centimes environ par an. “Qu'est-ce qu'ils nous ont fait gagner ?” s'interrogera-t-il. Au sujet du dossier de La Casbah, un intervenant attire l'attention des présents sur des rapports alarmants qui parlent de la déclassification de la vieille cité en patrimoine en péril. Autrement dit, la ville ottomane risque de perdre son statut de patrimoine mondial qu'elle a acquis il y a une quinzaine d'années. Répondant globalement aux accusations, le P/APW fait savoir que tous les dossiers n'étaient pas prêts. “J'assure l'entière responsabilité quant à certaines décisions, mais il faut reconnaître parallèlement que l'assemblée a fait preuve de beaucoup de carences. Sans vouloir rentrer dans le détail, les commissions se sont souvent distinguées par un absentéisme flagrant.” M. Zaïm ne s'arrête pas là pour fustiger certains collaborateurs d'avoir fait trop de déclarations à la presse. “Nous avons vécu quelques troubles au sein de l'APW, je le reconnais”, avoue-t-il. Un aveu qui en dit long sur les divergences qui continuent d'exister malgré les apparences. L'APW d'Alger en chiffres Le montant global du budget primitif de la wilaya d'Alger pour l'exercice 2006 représente : 1 309 059 100 DA - Pour le fonctionnement : 7 431 438 959 16 DA - Pour l'équipement : 5 659 159 997 84 DA - Entreprises publiques : 2 030 300 000 00 DA (secteur équipement) - Hydraulique (notamment AEP) : 580 000 000 00 DA - Education (équipements écoles): 460 300 000 00 DA - Culture (2 bibliothèques à Aïn Taya et Raïs Hamidou) : 50 000 000 00 DA - Santé (ravalement et restauration des secteurs sanitaires) : 30 100 000 00 DA - Action sociale : 20 000 000 00 DA - La Casbah : 50 000 000 00 DA - Travaux d'assainissement de la ville : 200 000 000 00 DA - Marchés de proximité (APC) : 80 000 000 00 DA ALI FARES