Dans ce genre de situation, des décisions doivent tomber pour donner un sens au discours d'autant que le chef de l'Etat est attendu sur l'avancement des chantiers de la relance économique. L'Algérie est mal gérée. Le président Bouteflika a encore une fois assené cette sentence. Hier à partir de Constantine, le chef de l'Etat est revenu sur le problème de gestion dont souffre le pays. Après avoir violemment critiqué des ministres lors de sa précédente tournée dans la capitale, jusqu'à les accuser de menteurs, Bouteflika a évoqué à nouveau la question, mais sans parler de mesures ou de sanctions qui pourraient être prises contre tous ceux qu'il accuse d'avoir mal appliqué son programme. Dans ce genre de situation, des décisions doivent tomber pour donner un sens au discours d'autant que le chef de l'Etat est attendu sur l'avancement des chantiers de la relance économique. Mais pour régler le problème de management, il faudrait d'abord s'attaquer au phénomène de la corruption que Bouteflika a qualifié à plusieurs reprises de “menace pour la paix sociale”, et réhabiliter la place de l'intelligentsia au sein de la société à travers la mise en valeur des compétences. Chose qui paraît à première vue difficile à réaliser vu le poids des comportements rentiers et bureaucratiques qui pèse lourd sur les projets des réformes, quel que soit le secteur, dans le pays. Les réformes ont échoué. Bouteflika lui-même le reconnaît et impute l'entière responsabilité à de nombreux ministres. Le gouvernement est-il alors en sursis ? Mais, par ailleurs, changer l'exécutif est-ce la seule solution pour accélérer la mise en œuvre des réformes dès lors que l'administration demeure otage d'une certaine conception de l'Etat ? En fait, si l'Algérie est résolument engagée dans l'économie de marché, la méthode de travail ainsi que les comportements sont appelés à changer. De cela dépend en partie, si ce n'est essentiellement, la relance de la machine de production. Bouteflika en a fait allusion en affirmant que la promotion de la “démocratie dans notre pays consiste, dans le même temps, à légitimer les hiérarchies sociales licites, c'est-à-dire celles qui sont fondées sur le savoir et l'esprit d'entreprise, et à mener un combat inlassable contre les groupes qui se sont créés dans la corruption, la spéculation et le détournement des biens de l'Etat”. En attendant, il faudrait souhaiter que la rupture, la vraie, se fasse pour permettre à la compétence d'émerger et à la concurrence de faire la décantation. S. T.