Me Ali Haroun était l'invité, ce jeudi, du barreau d'Oran pour donner une conférence sur le thème “Le rôle de l'avocat dans la lutte pour le respect de la liberté individuelle”. L'orateur s'appuiera essentiellement sur l'histoire du collectif des avocats du FLN lors de la guerre de Libération, dont il était l'un des membres. Il évoquera le rôle primordial qu'ont tenu les avocats du FLN pour la médiatisation des procès des militants, des procès devenus une tribune politique : “Les avocats ont apporté une contribution remarquable par l'organisation au sein des prisons, la préparation de la défense des militants en leur évitant la peine de mort… Dans l'histoire, il n'y a pas eu d'équivalent, même en Irlande”, dira Me Haroun en ajoutant plus loin : “Pour la défense des droits, les avocats ont joué leur rôle, soyez les porte-parole de vos aînés… Il y a des périodes dans la vie où il y a d'autres droits à défendre que ceux d'intérêts privés. Un avocat a un idéal, très peu d'avocats sont devenus milliardaires.” Lors de sa conférence, Me Ali Haroun abordera la période de la “décennie noire” et le rôle du HCDE, à ce moment de notre histoire récente. Mais, étrangement, il n'évoquera pas à cet instant la venue et l'assassinat de Boudiaf. Un “oubli” qui lui sera reproché par un journaliste lors de la conférence de presse : “Nous ne pouvons y échapper à chaque fois”, lâchera l'orateur d'une voix basse avant d'ajouter : “Sa mort a été dramatique. On sait qui l'a tué, on a parlé de commanditaires, qu'il y aurait eu un complot… Sincèrement, je ne sais pas s'il y a eu des commanditaires. La commission de l'époque n'a pu déterminer dans son rapport s'il y avait eu complot !” Là encore, Me Ali Haroun surprendra les journalistes en manifestant de l'étonnement lorsqu'un intervenant lui fera remarquer que ledit rapport n'avait jamais été rendu public. Plus tard, interrogé sur la mise à mal des libertés individuelles et collectives et l'incarcération des journalistes, l'intervenant déclarera plus particulièrement à l'intention de la presse : “Il n'y a pas de démocratie sans liberté d'expression, d'opinion, mais la liberté d'informer ne signifie pas liberté de diffamer. Le journaliste dispose d'une force, d'une capacité qu'il doit maîtriser, mais dès qu'il y a diffamation, même s'il y a des rectificatifs, c'est trop tard, des dommages considérables sont commis.” Et d'estimer encore que le “pouvoir des journalistes” et l'impact d'un article sont plus puissants qu'une décision de cour de justice. Quant à la réforme de la justice qui est primordiale pour l'ensemble de la société, l'intervenant dira que, parfois, elle n'est pas forcément porteuse de mieux, et le seul exemple qu'il trouvera à citer est celui d'une ordonnance sur la propriété industrielle et la contrefaçon (?), surprenant encore les journalistes, alors que les questions des droits et des libertés devaient être au centre de son intervention. F. Boumediene