Alors que le secrétaire général des Nations unies appelle le Maroc et le Front Polisario à un “dialogue direct sans conditions”, le Makhzen tente de faire croire que l'Algérie est conviée à ces négociations. Constatant que le contenu du rapport présenté par Kofi Annan au Conseil de sécurité sur la situation au Sahara Occidental était loin d'épouser ses thèses autonomistes, le Maroc crie tout de même victoire. Rabat dénature le contenu du rapport du secrétaire général de l'ONU en affirmant qu'il invite l'Algérie à prendre part aux négociations sur le conflit. Pourtant, le passage relatif à l'établissement d'un dialogue entre le Front Polisario et le Maroc ne fait nullement référence à l'Algérie et précise qu'il doit garantir l'autodétermination du peuple sahraoui. Kofi Annan qui a recommandé que le Maroc s'engage, sans conditions préalables, dans des négociations directes avec le mouvement indépendantiste du Front Polisario a également insisté sur le fait que l'objectif de ces négociations “devrait être quelque chose qu'aucun plan ne saurait régler, à savoir mettre sur pied un compromis entre la loi internationale et la réalité politique pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui garantirait l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental”. Il faut vraiment chercher très loin pour trouver l'origine de cette interprétation. En effet, les Marocains ont puisé dans le rapport de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, le diplomate néerlandais Peter van Walsum, qui a suggéré que l'Algérie soit également invitée à participer aux négociations. Il ne s'agit en fait que d'une simple suggestion non prise en compte par Kofi Annan dans son rapport. Ceci dit, Mohammed VI a pris le soin de faire réagir le Conseil royal des notables sahraouis, qu'il a installé lors de son récent séjour au Sahara Occidental, pour transformer en victoire un rapport qui n'apporte rien de nouveau pour faire avancer le dossier, parce que ce ne sont pas les appels au dialogue entre Rabat et le Front Polisario qui ont fait défaut durant les trente années d'occupation des territoires sahraouis par le Maroc. Ainsi, pour Khali Henna Ould Errachid, le président du Conseil consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), cité par l'agence MAP, le rapport du SG de l'ONU a “enterré définitivement et à jamais le plan Baker qui ne tient pas compte des conditions de toutes les parties”. Selon lui, le document élaboré par Kofi Annan constitue un aveu d'échec de l'ONU pour régler le conflit du Sahara Occidental. “Le rapport souligne un fait important, à savoir que toutes les voies empruntées par l'ONU pour régler la question du Sahara, notamment le référendum, se sont avérées inappropriées”, a-t-il notamment souligné. Enfin, il a lancé un appel au “Polisario à accepter sans délai à entrer dans des négociations” avec le Maroc pour mettre fin à ce conflit, soulignant que l'application immédiate d'une autonomie élargie, à laquelle a appelé le roi Mohammed VI, est de nature à “mettre fin à la tension dans la région”. K. ABDELKAMEL