Le séminaire national sur le rôle de la femme dans la lutte de Libération nationale, ouvert, hier, à Annaba, par le ministre des Moudjahidine, a failli se transformer en une arène de pugilat. Vingt minutes après l'ouverture des travaux par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, et de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, des incidents ont éclaté au Palais de la culture Mohamed-Boudiaf qui abritait cette rencontre. En effet, des membres de la section wilayale de la Coordination nationale des enfants de chouhada (Cnec) de Khaled Bounedjma ont perturbé la rencontre à laquelle ils n'ont pas été invités, et ce, pour interpeller le ministre de tutelle. Ils demandent l'arbitrage du représentant du gouvernement pour récupérer leur siège local. En fait, c'était la confusion totale pendant plusieurs minutes. Des cris fusaient de partout et les youyous des femmes n'ont pas pu couvrir les cris des membres de la Cnec qui scandaient “Vive Chirac, vive le visa”. Après l'engagement du ministre des Moudjahidine de les rencontrer après le déjeuner, les protestataires ont fini par quitter la salle sous une bonne escorte. Interrogé sur leurs revendications, le secrétaire général local de la Cnec, Larbi Allat, ne mâche pas ses mots : “On est ignoré et abandonné. On nous a traités de bâtards et aujourd'hui, on n'a même pas été invité à ce séminaire. On ne peut plus tolérer cela.” Et d'ajouter : “On est même en justice avec le directeur des moudjahiddine au niveau de la wilaya. Parce qu'on a retapé un siège qui nous revenait de droit. On est venu nous insulter, et maintenant, on a un procès avec l'ONM qui va d'ailleurs se dérouler demain.” À côté de lui, un autre membre de la section locale de la Cnec criait à qui voulait l'entendre : “On ne veut pas nous donner nos droits en ne reconnaissant pas notre statut de fils de chouhada. On ne sait plus si notre père est un chahid ou Chirac. Si on est des Français, qu'on nous laisse partir alors.” Le secrétaire des moudjahidine au niveau de l'APC, Toufik Foughali, nous a déclaré : “Je n'ai pas signé contre le Cnec et j'irai au procès pour témoigner en leur faveur.” Aux environs de 14h, et après son intervention, le ministre des Moudjahidine quitte la salle. Une foule nombreuse l'attendait à la sortie et plusieurs personnes âgées essayaient de l'approcher pour lui donner leurs dossiers. Le représentant du gouvernement avait du mal à rejoindre sa voiture. Les réclamations venaient surtout de la part des veuves ayant déposé leur dossier de reconnaissance de moudjahidine et qui attendent depuis longtemps que leur situation soit réglée. SALIM KOUDIL