Depuis l'arrivée de Cherif Rahmani à la tête du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, les îles Habibas, qui se situent à quelque 40 km au large de la baie d'Oran, ont fait l'objet d'une attention particulière et pour cause : c'est là le dernier refuge, en Méditerranée, d'espèces en voie de disparition, comme les phoques moines et les goélands d'Audoin. Classé site protégé, ayant même bénéficié en 2005 d'un montant de 1 million d'euros par le Fonds français de l'environnement mondial, pour y lancer des projets d'aménagement et de préservation de sa faune et de sa flore, les îles Habibas sont, aujourd'hui, menacées par de pseudos pêcheurs et autres individus aux comportements de “sauvages” qui sont en passe de détruire tout son écosystème. Alors qu'il est interdit de se rendre sur ces îles, des pêcheurs d'un genre particulier y vont pour y pêcher. Ils campent parfois pendant plusieurs jours squattant les ruines de l'ancien abri de pêche de Chadli situé sur El Puerto, le seul accès possible par bateau. Au mépris du civisme et d'un minimum de respect pour la nature, le résultat est catastrophique : des tonnes d'immondices, bidons en plastique, bouteilles en verre, canettes de bière, ferraille, y compris des carcasses de frigidaires, s'entassent aux quatre coins de l'île altérant tout l'écosystème. Aucun espace n'a été épargné, des ordures se retrouvent sur les pentes de la colline menant au phare, sur les 5 plages de galets que compte l'île. Certains de ces individus qui viennent là-bas s'en prennent même aux nids des goélands en volant leurs œufs. À quelques jours de la visite de l'équipe de recherche de la fondation Ushuaïa, pour y réaliser justement des travaux de recherches sur la biodiversité des îles Habibas et de l'île Plane, en concertation avec le ministèr de l'Environnement, les membres de l'association des Amis de la mer lancent un véritable cri d'alarme. La situation sur place s'est extrêmement dégradée depuis l'été dernier. Il a fallu qu'une cinquantaine de bénévoles se mobilisent pour y organiser une opération de volontariat jeudi dernier. Durant toute la journée, les membres de l'association ont, à mains nues, ramassé tout ce qu'ils pouvaient d'immondices, parfois au risque de leur vie, en escaladant les pentes abruptes de l'île. Le film que nous avons visionné au siège de l'association est des plus éloquents. Le président de l'association tient encore à dénoncer “les sardiniers qui pêchent à coups de dynamites, ce qui est pourtant strictement interdit par la loi. Le corail dans les fonds marins de l'île est en train de mourir à cause de cela. Les mérous sont presque introuvables et, pourtant, ces îles sont tout ce qu'il y a de plus magnifique… il faut les protéger !” L'association, qui milite depuis longtemps pour la préservation de l'environnement marin, est également membre du conseil d'orientation du Commissariat national du littoral, grâce à leur expérience et au vu de ce qui se fait à l'étranger. Les membres de l'association souhaitent développer aux îles Habibas un tourisme écologique. Ils ont déjà en tête des idées précises sur ce type de tourisme qui rapporterait de l'argent à l'Etat et permettrait, en même temps, de préserver les îles. Aux pouvoirs publics d'être attentifs. F. BOUMEDIENE