L'ambiance au stand Algérie n'a laissé personne indifférent tant l'Algérie focalise les regards et les interrogations. La littérature algérienne connaît un succès grandissant, confirmant ainsi la renommée de ses précurseurs et accordant un intérêt certain pour la nouvelle génération. Ceci a été vu et entendu durant le Salon du livre de Genève qui s'est tenu du 27 au 2 mai. L'ambiance au stand Algérie n'a laissé personne indifférent tant l'Algérie focalise les regards et les interrogations. Nos écrivains de mérite ont compris cela et rallument sans cesse cette flamme qui les projette au-devant de la scène, oubliant parfois qu'ils sont des hommes de lettres et non des hommes politiques. Si Yasmina Khadra a parlé de son roman l'Attentat, en disant de lui que c'est le texte qui a mieux défendu la Palestine, faisant dire à une femme, poétesse présente au salon, que “Yasmina Khadra ne connaît pas Mahmoud Darwich”, faisant allusion à la poésie de ce dernier écrite sur la Palestine, reste que Yasmina Khadra a focalisé, encore une fois, l'attention sur cette reconnaissance (qu'il a) et qu'il revendique (dont il n'a point besoin) de la part de ses pairs algériens. Malika Mokkedem, très à l'aise, évoluant simplement sans prétention dans le stand, parlant avec les uns et les autres, s'expliquant sans détour dans les débats au point où elle a sommé les participants à poser des questions concernant juste l'écriture. La surprise et la panique sont venues du passage de Boualem Sansal (invité par les Suisses) pour le stand Algérie, Khalida Toumi, ministre de la Culture, préférant faire un détour que de tomber nez à nez avec celui qui a dit que “je vois l'Algérie régresser d'une manière irréversible...”, lors de l'émission “Culture et Dépendances” de Franz-Olivier Giesbert, sur France 3. Boualem Sansal a toutefois été trop loin dans Poste restante : Alger - Lettres de colère et d'espoir à mes compatriotes en écrivant : “Un million et demi de martyrs de la guerre de libération est un mythe et que ce mythe est loin, très loin d'être le seul. Le pouvoir en a inventé pour toutes les circonstances.” Ces propos maladroits ont heurté la sensibilité de plus d'un Algérien. Même les historiens n'ont pas spéculé sur cette histoire de martyrs ; les réactions attendues suite à cela ont fait dire à un Français que la France a tué plus de 500 000 Algériens rien qu'entre 1830 et 1870. Le stand a reçu notamment la visite d'Azouz Begag, le ministre français de l'Egalité des chances, qui s'est entretenu longuement avec les présents au stand. Ce Salon du livre a été une bonne expérience pour les auteurs algériens, notamment ceux venus d'Algérie, de répondre à certaines interrogations et permettre aux présents de découvrir les lettres algériennes sous un nouvel angle, loin des questions récurrentes sur le terrorisme, la politique, le sérail, bien que ces questions revenues, sans cesse, n'ont pas été l'essentiel des débats, surtout celui qui a tourné autour de la littérature féminine en Algérie, en présence de cinq écrivaines algériennes, et qui ont maintenu le débat sur cette thématique importante qui a fait découvrir aux présents un autre volet de cette riche et diversifiée littérature algérienne, celle qui se fait notamment en Algérie, libre de toute contrainte et de tous les préjugés. N. B.