Malgré ces mesures préventives, les bijouteries restent le commerce le plus prisé dans le hit-parade du crime. Parfois, les agresseurs agissent “finement” en mettant leur future victime en confiance. Ils se présentent chez un bijoutier, la veille, et lui remettent une avance sur un bijou de valeur qu'ils veulent acquérir. Rendez-vous est pris tôt le matin du lendemain pour prendre possession de l'article. Le bijoutier, piégé, se trouve alors contraint d'ouvrir de bonne heure de peur de rater une bonne occasion, et les agresseurs, souvent un couple, aidé plus tard par un complice, profitent que la rue soit déserte pour passer à l'acte en toute impunité. Le butin d'ordinaire écoulé sur les marchés informels prend de plus en plus le chemin des fonderies où il est fondu et revendu sous forme d'or industriel. Cette insécurité ambiante, conjuguée à la violence urbaine dont est victime la femme, fait que le marché de l'or régresse. Pour notre interlocuteur, la crainte des femmes de se voir agressées les empêche de porter des bijoux, même le plus léger, ce qui a eu pour conséquence une désaffection des vitrines de ces bijoutiers. L'avènement des différentes formules de crédit pour la consommation a eu pour effet de dissuader les ménages d'investir dans l'or qui a changé de statut en même temps que de mentalité. “L'or n'est plus cette valeur refuge chez les Algériens”, dira-t-il. Pourtant, cette préoccupation de sécurité n'est pas la seule chez les bijoutiers algériens, puisque les fluctuations du marché du pétrole semblent affecter celui de l'or. Aussi, il est attendu prochainement une augmentation dans le prix du gramme d'or, qui risque d'atteindre et de dépasser les 1 800 DA alors qu'il est cédé actuellement et en moyenne à 1 500 DA le gramme par l'Enor. Cette hausse se répercutera forcément sur le prix de vente au détail chez les bijoutiers qui continuent à faire face à l'impossibilité de passer le cap de l'importation de l'or et sa commercialisation à cause du manque à gagner qui peut en découler. Cette nouvelle réglementation, venue combler un vide législatif, ne fait pas sourire l'ensemble de la corporation, puisque les différentes taxes (douanières, TVA, droits de garantie) pèseront lourd dans la tarification finale du gramme d'or qui risquerait de friser alors les 3 000 DA. Pour le moment, les bijoutiers s'en tiennent toujours au perfectionnement passif de l'or qui consiste à traiter et à “ouvrager” le produit local à l'étranger, puis à le revendre en Algérie. L'ABA, par la voix de son SG, ne comprend pas qu'on veuille pénaliser les futurs importateurs sur des a priori en leur exigeant une caution de 400 DA par gramme importé. Une explication de texte qui trouve sa raison officielle dans les 160 DA/gr de poinçon plus d'éventuelles pénalités d'une fois et demie du prix du poinçon, “ce qui est absurde, puisqu'on est les seuls à payer d'avance”. La solution est à chercher du côté du ministère des Finances sur lequel compte l'ABA pour trouver un terrain d'entente pour essayer d'enrayer le marché informel. S. O.