La direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a assuré, hier, qu'elle ne reprendra pas les policiers révoqués durant la décennie écoulée et dont un mouvement manifeste, depuis quelques semaines, pour revendiquer l'intégration dans le cadre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Ces policiers ont été révoqués pour atteinte grave à la déontologie policière”, a indiqué, hier, une source autorisée proche de la DGSN à Liberté. “Cette décision a été prise durant les années 90 après épuisement de toutes les voies de recours (rappel à l'ordre, avertissement…)”, a-t-elle ajouté. Cette source avance même un chapelet de griefs, à l'origine de la mise à l'écart de ces policiers : “Plusieurs de ces policiers ont été révoqués à cause de la consommation de drogue, d'autres pour des affaires de vol ou de corruption et d'autres enfin pour abandon de poste.” Elle rappelle, également, dans le même ordre d'idées, que “des poursuites ont été engagées à l'encontre de certains policiers, dont une partie a été condamnée”. Cependant, la même source ne précise pas le nombre de policiers touchés par cette mesure. Ce refus intervient alors que le mouvement des “ex-policiers” s'apprête à organiser un rassemblement devant la Présidence. Après deux rassemblements, l'un à la maison de la presse Tahar-Djaout, l'autre à la maison du peuple, siège de la centrale syndicale à Alger, les policiers révoqués durant la décennie écoulée entendent s'adresser directement à la présidence de la république. Au nombre de 600, selon leur porte-parole, M. Khaled Ziari, ex-officier supérieur à la DGSN, responsable de la lutte antiterroriste et expert en sécurité, ces ex-policiers comptent remettre un document aux services de la présidence dans lequel ils sollicitent leur réintégration au même titre que “les terroristes”. En clair, ils souhaitent, à l'instar des “égarés”, selon un vocable usité par les officiels, bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par le peuple algérien le 29 septembre dernier et censée tourner la page des violences qui ont endeuillé le pays. “Un criminel va être réintégré alors qu'un défenseur de la république, dans le cadre de la lutte antiterroriste, est marginalisé. Ce n'est pas normal !”, s'exclame Ziari. “On souhaite l'extension de l'esprit de la charte”, ajoute-t-il. S'il consent que certains de ses collèges ont été écartés à “tort”, tandis que d'autres l'ont été “à raison”, avoue-t-il, le porte-parole du “mouvement des ex-policiers” n'en pense pas moins que les “égarements” des agents des services de sécurité sont loin d'égaler les méfaits des “terroristes”, lesquels ont bénéficié, pour certains du moins, d'une réintégration, grâce à la charte. “Le motif le plus grave retenu contre un policier ne peut être comparé au plus petit méfait des terroristes. Les policiers n'ont à aucun moment égorgé des nourrissons, ni éventré des femmes enceintes, encore moins détruit des écoles, etc.” En tout cas, selon ses dires, ces ex-policiers sont déterminés à aller jusqu'au bout car l'écueil à leur réintégration, estime-t-il encore, est d'ordre politique.“Tounsi (le DGSN, ndlr) est disposé à nous réintégrer, mais la décision ne relève pas de lui, ni de Zerhouni.” KARIM K.