Le dessalement de l'eau de mer constitue une solution idoine au déficit hydrique que connaît l'Algérie d'autant que son coût est en train de baisser, d'où un programme ambitieux de production de plus de 1,8 million de m3 d'eau de mer dessalée à achever en 2009-2010. L'Algérie est un pays qui dispose de ressources hydriques limitées pour des raisons climatiques, caractérisées par une pluviométrie annuelle irrégulière, évaluée entre 100 et 600 mm. Le déficit hydrique est de ce fait estimé à 20% durant les cinq dernières années. Or, la mobilisation des eaux souterraines au nord a atteint son seuil maximal. Ce qui a engendré une surexploitation des nappes superficielles et la détérioration de la qualité de l'eau surtout à l'ouest du pays. Devant une telle situation, l'Etat se lance deux grands défis. Deux vastes projets sont mis en œuvre simultanément pour une meilleure disponibilité de l'eau potable dans les années à venir. L'Etat a enclenché le processus de réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable et le dessalement de l'eau de mer. Le premier projet touche les principales villes du pays notamment Alger et Oran. Les travaux ont été exécutés par des groupements d'entreprises françaises. Ainsi, l'opération confiée à la société des eaux de Marseille (SEM France), a consisté en la recherche et la réparation des fuites sur le réseau de distribution de la “chaîne Ouest-Alger” qui couvre une superficie de 61 km2 soit 1/5 de l'agglomération d'Alger avec une population totale d'environ 400 000 habitants. L'objectif recherché est de ramener le rendement du réseau de distribution à 80%. La rénovation de la conduite de refoulement DN 700 mm Hamiz-Bordj El-Kiffan est, en outre, inscrite au programme. Il est également prévu la réhabilitation du circuit de refroidissement de la station de pompage de Béni Amrane. À Oran, la même action a été lancée par le groupement Saur/Spi Infra (France). Le réseau de distribution d'eau potable de la ville d'Oran souffre de son âge avancé dépassant la moyenne de 50 ans. Il compte 700 km de canalisations accusant un taux de fuites important. Le rendement actuel est estimé à moins de 60%. Les travaux seront achevés d'ici à 2007. Constantine bénéficie, elle aussi, de la même action de réhabilitation. Les travaux sont en phase d'exécution par un groupement d'entreprises franco-chinois (Sem/Sogreah/Cgc). Une vingtaine d'autres villes sont également concernées par une étude de diagnostic et de réhabilitation des systèmes d'alimentation en eau potable (AEP). Le second projet a trait au dessalement de l'eau de mer. Le recours à cette alternative permet une pérennité de la ressource brute, la disponibilité à proximité des grandes villes et des centres industriels. Cette solution donne lieu à d'autres avantages tels que le coût du m3 d'eau dessalée qui devient de plus en plus compétitif en comparaison aux autres sources traditionnelles d'approvisionnement. L' objectif recherché est d'arriver à produire plus de 1 million de m3 d'eau dessalée d'ici à 2009. C'est ainsi qu'il est programmé également la réalisation de 23 stations monobloc dans le but de faire face à la pénurie dont souffre la capitale. Actuellement, 14 grandes stations d'une capacité de 1 940 000 m3/jour sont en voie de réalisation d'Est en Ouest. Entrée en exploitation depuis l'année 2005, l'une d'elles prendra en charge le déficit en eau constaté dans la ville d'Oran. L'usine d'El-Hamma, d'un coût d'investissement de l'ordre de 260 millions de dollars US, sera réalisée par la société américaine Ionics en partenariat avec Algerian Energy Company (AEC), l'Algérienne des Eaux (ADE) sous forme de BOO (construire, posséder et exploiter). Sa mise en service est prévue pour le dernier trimestre 2007. Sa conception, sa réalisation et son exploitation sont donc à la charge de l'investisseur qui en sera propriétaire pendant 25 ans. Il est, en outre, prévu la réalisation de 1 150 forages, la construction de 230 réservoirs et châteaux d'eau, de 350 retenues collinaires… Le programme d'investissement dans le domaine des ressources hydriques, estimé à 4,5 milliards de dollars d'ici à 2009, ne devrait pas laisser indifférents les participants au 2e salon international des équipements et services de l'eau SIEE-Pollutec. Près de 250 exposants, d'une quinzaine de pays, ont pris part à cette manifestation, qui se poursuivra jusqu'au 11 mai courant. Plus de 6 000 m2 ont été réservés au pavillon U du Palais des expositions des Pins-Maritimes d'Alger. La France participe avec 80 entreprises, l'Espagne une quinzaine… Badreddine K.