Il convient de développer des capacités d'entreprenariat plus grandes que celles d'aujourd'hui pour attirer un flux plus conséquent d'investissements étrangers hors hydrocarbures. “L'économie nationale se trouve désormais dans une économie mondialisée. Les échanges commerciaux prennent les voies institutionnelles et des circuits officiels tels que les commissions mixtes, les forums d'affaires créés et les accords d'amitié signés entre l'Algérie et les autres pays”. C'est ce qu'a déclaré, hier, M. Mustapha Mékidèche, vice-président du Conseil national économique et social (Cnes). Invité de la radio Chaîne III, l'économiste estime que les pays développés s'intéressent à l'Algérie pour sa solvabilité, sa capacité financière évaluée à plus de 62 milliards de dollars US de réserves de change, sa “carte d'acheteur” et sa situation socioéconomique qui s'est nettement améliorée. Cependant, suggère-t-il, il faut passer à un autre type d'échanges plus structurés dans le temps et dans l'espace. “En d'autres termes, que ceux qui veulent nous vendre viennent investir en Algérie”, expliquera-t-il. Pour lui, la frilosité des étrangers à venir investir en Algérie est due à l'inexistence d'un climat des affaires non encore approprié. Or, l'Algérie fournit beaucoup d'efforts pour améliorer le climat des affaires. Il faut, selon lui, fournir plus d'efforts pour faire émerger au plan interne des capacités d'entreprenariat plus grandes que celles existantes actuellement dans les secteurs public et privé. “Ainsi, l'Algérie pourra revoir à la hausse le montant de 2 milliards de dollars US d'IDE (investissements directs étrangers), hors hydrocarbures, réalisé en 2005”, soulignera M. Mékidèche. La problématique est de pouvoir drainer des capitaux à même de développer l'activité industrielle. “C'est à travers cela que nous pourrions mesurer les capacités de l'Algérie à atteindre une croissance plus importante que celle enregistrée, évaluée actuellement à 5%. Je pense que le potentiel existe pour concrétiser cet objectif”, a-t-il ajouté. L'ambition nationale, pour l'économiste, c'est de réaliser un projet industriel que l'Algérie n'a pas encore malheureusement. L'Etat gagnerait, renchérit l'invité de la radio Chaîne III, à tisser des relations avec des alliances constructrices d'un projet réel d'industrialisation pour l'Algérie. Selon lui, le privé n'a pas les capacités de racheter les actifs des entreprises publiques privatisables. Il faut à ce propos créer des mécanismes qui l'aideront pour l'acquisition de ces sociétés et élargir de ce fait ses propres actifs et ses capacités de réalisation. Grands projets du plan de relance “Il nous faut 10 entreprises comme Arab Contractor pour leur réalisation” “Il nous faut 10 entreprises comme Arab Contractor pour réaliser les grands investissements prévus dans le plan de consolidation à la croissance économique”, arguera le vice-président du Cnes. Il est toutefois, inconcevable, observera-t-il, qu'on puisse recourir uniquement aux moyens extérieurs pour réaliser les gros projets programmés d'une enveloppe de plus de 60 milliards de dollars US, de 20 milliards de dollars US pour les Hauts-Plateaux et de 20 milliards de dollars US pour le Grand-Sud. À une question de savoir comment développer ces projets industriels et consolider les projets de développement, M. Mékidèche indiquera que de nombreuses branches d'activité sont caractérisées par des avantages comparatifs. Le gaz naturel, par exemple, peut permettre le développement d'autres industries telles que l'électrométallurgie, la pétrochimie, les ciments… Par ailleurs, dans l'agroalimentaire, il existe, affirmera-t-il, toute une industrie à reconstruire en fonction de tout ce qui a été investi en amont dans le secteur agricole par le PNDA. Le projet de 1 million de logements, les infrastructures de base financées par l'Etat… sont, relèvera-t-il, autant d'opportunités qu'il faut repérer qui peuvent créer des moyens nationaux pour la réalisation de tous ces projets. Pour préserver et diversifier le potentiel d'investissement, l'invité de la radio Chaîne III pense qu'il est opportun de booster les autres secteurs qui sont encore en voie de restructuration et d'accélérer le processus de privatisation des grandes entreprises publiques qui sont encore sous le régime d'une gestion publique comme la SNVI, l'Enie… Ceux-ci constitueront, selon lui, une solution industrielle, d'autant plus qu'il y a une compétition non seulement entre les Etats-Unis et l'Europe, mais de nouveaux investisseurs aussi crédibles et moins chers apparaissent avec lesquels on peut créer des partenariats. À l'image des industriels du Golfe, de la Chine, de l'Inde… C'est autour de cette compétition internationale que l'Algérie deviendra, confirmera Mustapha Mékidèche, un marché dynamique où les investisseurs algériens pourront tirer profit. Ce qu'observe encore l'économiste, c'est que le plan de relance ouvre des voies qui ne sont pas explorées par les investisseurs nationaux. Il faut donc, conclura-t-il, une politique d'appui à l'acte productif d'une manière générale et au secteur privé en particulier. Badreddine K.