Cameron Hume, qui avait demandé son envoi en poste à Alger, a, de l'avis des observateurs, été le premier ambassadeur à faire sortir les Américains de leur “bunker” du chemin Bachir-El-Ibrahimi. L'ancien ambassadeur, qui a dirigé la chancellerie américaine à Alger entre 1997 et 2000, estime que l'Algérie est un pays qui “fascine et fait peur à ceux qui ne prennent pas le temps de le comprendre”. Cameron Hume livre son expérience algérienne dans un livre intitulé Mission to Algiers : diplomacy by engagement (mission à Alger : diplomatie par l'engagement), édité par Association for Diplomatic Studies and Training, pour faire changer cet état d'esprit. “J'ai écrit ce livre pour expliquer aux Américains la réalité algérienne telle que je l'ai vécue, et pour sortir des clichés et stéréotypes trop galvaudés. C'est un témoignage du combat d'un peuple pour vaincre le terrorisme et faire face aux défis du développement”, a expliqué Cameron Hume à l'APS, lors d'une vente-dédicace au cercle diplomatique de Washington. Alger et Washington, ajoutera-t-il, “ont certainement beaucoup de choses à partager et encore des batailles pour sortir de l'ombre de la méconnaissance, de l'ignorance qui prévalait jusqu'à une date récente, surtout du côté américain”. Il a retracé ses trois années de contacts, déplacements, démarches, rencontres à tous les niveaux et diverses autres actions menées pour convaincre ses pairs du département d'Etat, et autres décideurs américains, que l'Algérie peut être “un partenaire d'importance” pour les Etats-Unis, non seulement aux plans économique et politique, mais aussi sécuritaire, militaire, culturel, social et diplomatique. “Nous avons réussi à bousculer certaines mauvaises habitudes en prenant fait et cause pour les efforts menés pour asseoir la démocratie et les droits de l'Homme et réussir la transition d'une économie centralisée à une économie ouverte sur le monde. C'était un effort de tous les jours et, aujourd'hui, nous constatons les résultats engrangés à tous les niveaux des relations entre les Etats-Unis et l'Algérie, deux pays qui se respectent et s'apprécient”, explique l'ambassadeur Hume. L'ex-ambassadeur explique l'engagement quotidien auquel il s'est livré pour faire changer la perception américaine sur la tragédie vécue au quotidien par le peuple algérien. Il aura été, selon de nombreux observateurs, celui qui a fait redécouvrir l'Algérie aux Américains, notamment grâce à ses nombreux déplacements à l'intérieur du pays. Il a impulsé un nouveau virage à la coopération, notamment dans le domaine sécuritaire. Cameron Hume confirme cette appréciation dans ses mémoires algériennes d'autant qu'il reconnaît s'être employé à “rebâtir des liens” algéro-américains que la tragédie, que l'Algérie a vécue seule durant les années 1990, avait nettement refroidis. Il s'est également engagé à “impulser une nouvelle dynamique de coopération” en réussissant à convaincre nombre de dirigeants politiques et militaires, mais aussi des parlementaires, des responsables des services de sécurité, des investisseurs et des universitaires à se rendre en Algérie “et voir par eux-mêmes” la réalité algérienne. “Nous ne pouvions pas être étrangers à ce combat qui revêt beaucoup d'importance pour nous Américains”, a-t-il confié à l'APS. Un travail de fourmi a été réalisé par l'ambassadeur américain et ses homologues algériens. Un fait historique confirmé par le rapprochement opéré ces derniers années entre les deux capitales. Le temps et l'engagement de l'Algérie dans la guerre globale contre le terrorisme ont donné raison à l'ancien ambassadeur américain à Alger, qui plaide malgré tout pour un rapprochement plus important entre les deux pays. Samar Smati