En réponse à l'offre de dialogue exprimée par les pouvoirs publics, l'UGTA affirme qu'elle ira au-delà de ses anciennes revendications. Sidi Saïd est un homme à la fois satisfait et déçu. Satisfait par le taux de suivi qu'enregistre la deuxième journée de grève générale à laquelle son organisation, UGTA, a appelé. Elle avoisine les 93%. Et déçu par le mépris et la provocation qu'affichent les pouvoirs publics à l'endroit des travailleurs grévistes. C'est ce double profil que le patron de la Centrale syndicale a adopté tout au long de sa tournée d'hier qui l'a conduit tour à tour à la cimenterie de Meftah, aux postes et télécommunications de la Grande-Poste, au ministère de l'Education nationale et à Giplait de Birkhadem. Le cortège de l'organisation syndicale portant mention “Solidarité : UGTA”, dont le coup d'envoi a été donné par le secrétaire général de la Centrale syndicale, a été accueilli par des youyous et des cris de joie à la cimenterie de Meftah. Première étape du périple, la cimenterie a été une tribune de choix pour Sidi Saïd qui a fait un discours qui se veut à la fois ferme et intransigeant : “C'est de la provocation et du mépris envers les travailleurs que de vouloir privatiser des cimenteries qui font des bénéfices et sont en très bonne santé financière”, lancera-t-il aux travailleurs grévistes venus l'accueillir en grand nombre. Interpellé par un travailleur de cette entreprise qui lui dira : “Si nous devons accepter cette privatisation, cela veut dire que notre action syndicale connaît un effritement total”. Sidi Saïd rétorquera : “On ne les laissera jamais privatiser les cimenteries d'autant plus qu'il n'y a jamais eu de concertation avec le partenaire social.” “On interdit ces privatisations !” Même ton, même discours à Giplait de Birkhadem. “Comment expliquer que les pouvoirs publics veuillent privatiser Giplait alors qu'elle fait beaucoup de bénéfices ?” s'est interrogé le numéro un de l'UGTA dans un accès de colère en indiquant que Giplait fait environ 4 milliards de bénéfices par an. L'orateur tient toutefois à lever une ambiguïté par rapport aux réformes économiques : “Nous ne sommes pas contre les réformes économiques, dira-t-il, mais bien contre toute entreprise qui mène vers le bradage du pays”. Au ministère de l'Education nationale, Sidi Saïd a annoncé que lors de la prochaine bipartite, la problématique des corps communs sera reposée : “On ne nous en a accordé que 20 alors qu'on en a revendiqué 40”, tient-il à souligner. Arrivé au siège des postes et télécommunications de la Grande-Poste, le leader syndical qui a remercié les travailleurs de ce secteur d'avoir respecté le mot d'ordre de grève, promet d'aller plus loin dans la contestation si les pouvoirs publics “tournent encore le dos aux revendications des travailleurs”. Par ailleurs et dans la conférence de presse qu'il a animée à la Maison du peuple (Alger) à l'issue de sa tournée, le patron de l'organisation syndicale, accompagné de Abdelkader Malki, membre du secrétariat national de l'UGTA, s'est dit fortement indigné et “pleinement blessé” du fait que le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, ait mis à exécution ses velléités de privatisation du premier lot des 40 entreprises. “Au moment où nous sommes en grève générale, des notes émanant de la SGP sont adressées aux directeurs généraux des entreprises affiliées à Giplait à Sétif, Relizane, Aïn Defla, Béchar, Constantine, Oran, Tiaret et Batna pour une désignation d'un bureau d'étude et d'évaluation des 40 EPE”, a-t-il indiqué. Tout comme il a évoqué le cas des cimenteries de Meftah qui seront évaluées par des experts en vue de leur privatisation dès ce samedi. Sidi Saïd dira dans ce cadre ne pas comprendre “comment les pouvoirs publics affichent un mépris pour un vaste mouvement de protestation comme celui que vous avez constaté et qui intéresse tout le monde du travail et ce, à travers l'ensemble du territoire national”. Dans ce cadre et selon des sources proches du secrétariat national de l'organisation syndicale, l'UGTA compte conditionner son dialogue avec le gouvernement. C'est au vu de la réussite de la grève générale à laquelle elle a appelé que la Centrale syndicale adopte cette nouvelle position. Il ne s'agira plus à ce propos de négocier lors de la prochaine bipartite autour des quatre dossiers initialement en suspens soutiennent nos sources, mais il sera question de nouvelles revendications : “Une augmentation de salaire, une élévation du pouvoir d'achat, le recul sur les privatisations notamment au sujet de Sonatrach et la résolution du problème des corps communs.” N. M.