Une tentative de dialogue a été enclenchée par quatre responsables américains avec des dirigeants de l'insurrection irakienne dans le but d'aboutir à une réduction de la violence. Devant la détérioration de la situation sécuritaire en Irak, les Etats-Unis semblent opter pour le dialogue avec les insurgés. Ainsi, après l'échec du contact avec Saddam Hussein entrepris par Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat américain à la Défense en personne, Washington renouvelle l'opération. Selon l'édition d'hier du journal britannique The Sunday Times, quatre responsables américains ont récemment rencontré plusieurs chefs de groupes rebelles le 3 et le 13 juin derniers dans une villa à 25 kilomètres au nord de Bagdad. À en croire les sources irakiennes de la publication, le mouvement radical Ansar al Sunnah et l'Armée islamique irakienne étaient représentés lors du premier rendez-vous. S'annonçant comme un délégué du Pentagone, un des Américains s'est déclaré disposé à “trouver des moyens de faire cesser le bain de sang des deux côtés et à écouter les revendications et doléances”. Il a assuré ses interlocuteurs que le contenu des discussions sera porté à la connaissance des hauts responsables américains. Les contacts ont failli être rompus d'entrée lorsque les Américains ont cherché à obtenir des informations sur la structuration et l'organisation des groupes présents à cette rencontre. La publication londonienne affirme que les chefs rebelles avaient accepté l'invitation parce qu'on leur a fait miroiter la possibilité d'aboutir à un calendrier de retrait des forces multinationales. Au cours des discussions du 13 juin dernier, les responsables américains ont exigé que les groupes “de la Révolution de 1920” et “le conseil des Moudjahidine” rompent leurs rapports avec le chef de la branche al Qaïda en Irak, le Jordanien Abou Moussab al Zarqaoui. Si l'administration Bush et les autorités irakiennes ont refusé de confirmer ces contacts, l'ancien ministre irakien de l'Electricité, Ayham al-Samarie, avait déclaré le 7 juin dernier à l'agence de presse Associated Press que l'Armée islamique en Irak et l'Armée des moudjahidine étaient prêtes à négocier avec le gouvernement irakien. Un député chiite, Hummam Hammoudi, a également affirmé à la même agence que le gouvernement irakien avait ouvert des voies indirectes de communication avec certains groupes insurgés. Selon lui, les contacts avec la rébellion “deviennent plus prometteurs et ils nous incitent à poursuivre”. Les Etats-Unis ont fini par admettre que leur armada, 135 000 soldats présents en Irak, ne parvient pas à faire baisser la violence. Ils semblent opter pour le dialogue dans l'espoir d'isoler Al-Zarqaoui du reste des insurgés. Reste à savoir si cela donnera des résultats. K. ABDELKAMEL