Les banques ne répondent pas suffisamment aux besoins de financement de l'investissement. La ministre chargée de la Réforme bancaire, lors d'une rencontre sur la mise à niveau, a estimé que “pour défaillantes qu'elles aient pu être, les banques publiques ont cristallisé toutes les carences du système économique. Elles ont supporté tout le poids de l'ajustement et de la transition”. Cependant, souligne-t-elle, ceci ne peut les dédouaner de l'effort de modernisation et d'efficience auquel elles sont appelées. C'est que le taux d'intermédiation, selon la ministre, reste très faible. Les crédits à l'économie sont très insuffisants. Le système de paiements est lent, incertain et très coûteux. Il constitue même un frein à la bancarisation de l'économie. Du fait de l'inefficience du système de paiement, les espèces constituent le moyen de paiement privilégié, soit 50% de la masse monétaire. La valeur annuelle des paiements bancaires est égale à 18 fois seulement le produit intérieur brut, contre 40 à 100 fois dans les pays développés, reflétant ainsi la faible intermédiation bancaire et l'inefficacité du système de paiement. Or, l'expansion de l'économie algérienne est étroitement dépendante d'un système financier robuste et efficace. D'où l'urgence de remédier aux dysfonctionnements du système bancaire. Selon la ministre, la prochaine étape de la réforme bancaire s'articulera autour de deux grands axes : la refonte du système de paiement et le renforcement de la capacité de gestion et des fonctions bancaires. Celui-ci passe, selon la ministre chargée de la réforme financière, par le recours à une expertise extérieure, soit dans le cadre de partenariat, soit à travers une assistance directe de proximité. L'objectif de la modernisation du système de paiement est d'améliorer la fluidité, la circulation et la compensation des moyens de paiements. Un premier palier vers le développement de la bancarisation peut être atteint, selon Mme Mentouri, par l'amélioration des performances des systèmes de paiements. Le lancement de la monétique, prévu en septembre prochain, pourrait contourner les réticences vis-à-vis du chèque. Selon Mme Mentouri, les crédits accordés par les banques à l'économie sont passés de 931 milliards de dinars en 2000 à 1 070 milliards de dinars en 2001, soit une augmentation de près de 15%, alors que pour les ressources, l'accroissement n'est que de 13%. 71% des crédits sont accordés au secteur public et 29% seulement au secteur privé. Les crédits à moyen terme ne représentent en 2001 que le tiers du total des crédits distribués. Selon la ministre chargée de la réforme bancaire, la faiblesse du volume des crédits s'explique par la rareté des projets viables et rentables d'une part, et par la faiblesse des capacités des banques dans l'évaluation du risque. “les banques publiques ont atteint les limites de leur efficacité dans les métiers classiques, tels que l'intermédiation”, affirme Mme Mentouri. Leur faible propension à l'intermédiation s'explique par une certaine passivité quant à la collecte des ressources qui proviennent dans une proportion non négligeable du Trésor. Le montant des dépôts équivaut à 2,2 fois le stock de monnaie fiduciaire contre 5,5 en Tunisie et 4 au Maroc. Mme Mentouri parle aussi de frilosité en matière de distribution du crédit. Même en contexte de surliquidité, les banques ne répondent pas suffisamment aux besoins de financement de l'investissement. C'est qu'elles sont peu outillées en capacités d'études de risques. La ministre chargée de la Réforme financière est plutôt favorable à la conservation d'un secteur bancaire public mais à condition de le renforcer et de le moderniser. Selon Mentouri, en contrepartie du sauvetage des banques, l'Etat actionnaire a mis en place, pour chacune d'elles, un plan stratégique de développement visant à mettre à niveau la réhabilitation des différentes fonctions bancaires. Cependant, regrette-t-elle, la principale carence relevée dans la mise en œuvre de ces plans reste l'insuffisance des capacités techniques à réaliser certaines actions vitales pour améliorer le fonctionnement des banques. Une assistance technique est donc indispensable. Les banques ont bénéficié d'assistance de la part du Pnud, et dans le cadre de MEDA, cette assistance est insuffisante aussi bien en qualité qu'en quantité. Pour Mme Mentouri, l'assainissement des banques est en voie de finalisation. Cependant, précise-t-elle, le traitement des dettes qu'elles détiennent sur les EPE est indispensable. Mme Mentouri pense “qu'il convient de sortir des bilans bancaires les créances sur les entreprises”, dans un premier temps, soit en les vendant à des tiers, soit en les transformant en titres participatifs cessibles sur les marchés. Concernant la Bourse, Fatiha Mentouri affirme que “le contexte fortement déprimé des titres du capital doit nous inciter à nous orienter vers le compartiment obligataire”. L'ouverture du capital pourrait concerner des entreprises très rentables comme les entreprises parapétrolières et portuaires, les banques et assurances, Air Algérie, SNTA et ERCE. D'autres entreprises pourraient lancer des opérations d'augmentation de capital par appel public à l'épargne pour le financement de leurs projets d'investissements tels que la Sntr, Algal (aluminium) et Enasel qui ont marqué leur disposition à lancer une telle opération. Mentouri suggère aussi de déplafonner le niveau d'ouverture des entreprises cotées. Une deuxième opération d'ouverture du capital des entreprises cotées en Bourse à hauteur de 40% pourrait, estime-t-elle, intéresser les professionnels dans les domaines de la minoterie, de l'hôtellerie et de l'industrie pharmaceutique. “Pour le financement des investissements d'entreprises privées comme pour l'ouverture du capital d'entreprises publiques, le pays a besoin d'une banque d'affaires qui soit capable de procurer du capital risque”, estime la ministre chargée de la Réforme financière. C'est que pour Mme Mentouri le capital risque est pris en charge au niveau de la seule Finalep, “dont les moyens, limités, n'ont pas évolué”. La ministre chargée de la Réforme financière est aussi favorable à la mise en place d'un fonds de garantie dont la mission serait de sécuriser les banques. M. R. Adhésion de l'Algérie à l'OMC M. Di Castello : “Vous êtes sur la bonne voie” Le président du groupe chargé de l'accession de notre pays à l'Organisation mondiale du commerce souligne que si le rythme suivi dans ce processus est maintenu, l'Algérie en sera bientôt membre. “Vous êtes sur la bonne voie. Si vous continuez à ce rythme, l'adhésion de l'Algérie peut intervenir dès le premier semestre de l'année 2004”, c'est ce qu'a déclaré M. Di Castello, président du groupe chargé de l'accession de notre pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Au cours d'une conférence-débat qu'il a animée, hier, à Djenane El-Mithaq, l'Uruguayen a mis en garde les dirigeants algériens sur la nécessité de doubler les efforts afin d'être au rendez-vous. Car, expliquera-t-il, le temps à perdre sera lourd de conséquences. Il est préférable, dira-t-il en substance, d'être déjà prêt le jour de la tenue de la rencontre de Doha où de nouveaux secteurs, tels que l'environnement et les facilitations commerciales, seront au centre des négociations. “Cette adhésion peut engendrer des répercussions difficiles et douloureuses telles que l'ajustement structurel. A ce dernier, l'Algérie ne peut, en revanche, échapper si elle n'adhère pas. A ce moment-là, votre pays sera marginalisé…” L'OMC est loin d'être parfaite, avoue-t-il, mais elle se veut un espace de concertation et d'alliance entre les différents membres en vue d'aplanir les différends et d'améliorer les conditions de vie dans ces pays. Ces derniers sont tenus de respecter les divers pactes et autres accords paraphés entre eux dans plusieurs secteurs. Sur invitation du ministère du Commerce, M. Di Castello est venu expliquer aux partenaires socioéconomiques le parcours suivi par notre pays dans son processus d'adhésion à l'OMC et les avantages d'une telle démarche. Le hôte de Boukrouh vient également évaluer les différentes actions entreprises par l'Etat, en prévision de son entrée à l'organisation tel qu'il lui a été exigé par le groupe de travail composé de 43 pays. Le conférencier a, à ce propos, constaté une lenteur dans la mise en œuvre de la réforme de la législation. Il a annoncé, par ailleurs, la tenue d'une rencontre du groupe à compter du mois d'avril prochain. B. K.