Hubert Colin de Verdière en fin de mission sans avoir assisté à la conclusion d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France, c'est un diplomate qui connaît parfaitement bien le monde arabe qui lui succède au poste d'ambassadeur à Alger. Bernard Bajolet devrait prendre ses fonctions dans les tout prochains jours dans les bureaux du parc Peltzer (Hydra) où il avait entamé sa carrière en 1975 alors qu'il venait de sortir de l'Ecole nationale d'administration (promotion Léon Blum) après avoir été diplômé de l'Institut d'études politiques. M. Bajolet vient de quitter l'enfer irakien où il a eu à gérer la crise des otages français de la guérilla mais aussi à tenter de replacer la France dans un pays où elle a perdu de son influence pour s'être opposée à la croisade américaine de 2003. La crise des otages avec deux enlèvements successifs de journalistes a permis à ce familier du monde arabe d'affiner ses talents de négociateur dans une situation compliquée avec l'effondrement de l'Etat d'Irak. En plus des autorités officielles au pouvoir largement affaibli, M. Bajolet a donc appris à traiter avec les chefs de tribu et les dignitaires religieux auprès desquels il avait acquis une grande respectabilité. Les crises qu'il a eu à gérer ont d'ailleurs connu des dénouements heureux et c'est riche de cette expérience qu'il retrouve Alger où il a été deuxième secrétaire de 1975 à 1977, puis premier secrétaire jusqu'à 1978. En quittant Alger alors, M. Bajolet avait été nommé premier secrétaire à Luxembourg de 1979 à 1980 avant de rejoindre le cabinet du secrétaire d'Etat jusqu'en 1981, puis deuxième conseiller à Rome jusqu'en 1985. Après un intermède à l'université de Harvard, M. Bajolet revenait dans le monde arabe comme deuxième conseiller à Damas de 1986 à 1990. En 1991, il rejoignait l'administration centrale à la direction Afrique du Nord Moyen-Orient (ANMO). Après trois années aux postes de directeur adjoint et de sous-directeur, il était nommé en 1994 ambassadeur à Amman, puis ambassadeur à Sarajevo de 1999 à 2003, date à laquelle il prenait ses fonctions à Bagdad. Son principal adjoint dans la capitale irakienne, Franck Gelet, un autre connaisseur de l'Algérie qui a vu arriver le président Bouteflika alors qu'il était en poste à Alger, a été nommé à la direction ANMO où leur collaboration peut se poursuivre. À six mois du premier tour de l'élection présidentielle en France, M. Bajolet ne devrait pas arriver avec de nouvelles orientations. En priorité, il s'agira de consolider le retour des entreprises françaises en Algérie. Y. KENZY