Le ministre de l'Agriculture, qui a reconnu qu'il existe “un vrai problème de régulation”, a rejeté la responsabilité de cette situation de crise sur d'autres secteurs sans les nommer. Le problème de la disponibilité de la pomme de terre et de son prix, qui a atteint ces dernières semaines des cimes jamais égalées, continue à occuper les devants de la scène dans le secteur agricole. Intervenant au Conseil de la nation où il a été interpellé par les journalistes et lors de la cérémonie d'ouverture du Salon international des techniques de la filière fruits et légumes, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, a rejeté la responsabilité de cette situation de crise sur d'autres secteurs sans les nommer et qui, d'après lui, “ne font pas leur travail”. Mais, tout le monde aura compris qu'il vise le département du Commerce en déclarant que “seule la responsabilité de la production agricole incombe à son secteur”. Le ministre, qui a reconnu l'existence d'un problème de régulation, a tiré à boulets rouges sur “les spéculateurs de tous bords qui se sucrent sur le dos des fellahs et des citoyens”. Mais, il a toutefois tenté de rassurer en affirmant que d'ici deux ou trois semaines, la récolte d'automne arrivera sur le marché et, de ce fait, celui-ci sera inondé. Cela influera sans aucun doute sur les niveaux des prix du produit sur le marché. Pour sa part, M. Assabah, directeur de la régulation et du développement des productions agricoles au ministère de l'Agriculture, a indiqué, concernant le problème de l'utilisation des chambres froides dont la réalisation a été soutenue financièrement par l'Etat, que les propriétaires de ces espaces sont liés par des cahiers des charges quant à leur utilisation. De ce fait, l'usage des chambres froides ne doit pas sortir du cadre qui a été tracé. Malheureusement, ces espaces de froid sont devenus une arme à double tranchant, puisqu'au lieu d'être utilisés pour un meilleur approvisionnement du marché en produits agricoles tout au long de l'année, ils sont devenus un instrument redoutable de la spéculation. L'Algérie compte, selon M. Assabah, un million de mètres cubes de chambres froides. Ce qui est en soi énorme. Il estime toutefois que son département n'est pas resté les bras croisés face à cette utilisation néfaste de ces espaces. Des instructions fermes ont été données par le ministère pour sévir lors des contrôles sur le terrain en dressant des procès-verbaux ou en envoyant carrément des mises en demeure aux concernés, soutient M. Assabah qui déplore, cependant, l'effectif très réduit des inspecteurs. Le président de la Chambre nationale de l'agriculture, M. Chérif Ould El-Hocine, a, de son côté, fustigé les spéculateurs et les stockeurs qui font, d'après lui, de la rétention. Pour lui, le vrai problème, ce n'est pas au niveau des producteurs, mais plutôt des nombreux intervenants dans la chaîne. L'autre élément qui influe beaucoup sur la situation, c'est le fait qu'actuellement personne n'est intéressé par l'importation en raison des prix élevés de la pomme de terre, notamment en Europe. La solution, pour M. Ould El-Hocine, demeure “une bonne structuration du marché à travers la maîtrise de l'offre et de la demande”. “Le gouvernement doit impérativement créer une structure qui devra prendre en charge ce problème de régulation”, recommande-t-il. Hamid SaIdani