Depuis l'opération de Belcourt, les services de sécurité sont sur les dents puisqu'un attentat à la bombe n'est guère écarté. Les services de sécurité, dans toutes les métropoles du pays, à commencer par Alger, sont sur le qui-vive. Un dispositif sécuritaire spécial a même été mis en place en prévision du mois de Ramadan. Les risques d'attentats, en effet, ne sont guère écartés comme l'a admis le ministre de l'Intérieur, premier responsable de la sécurité en Algérie, qui fait même office de ministre de la Défense depuis qu'il a été chargé, l'été passé, de recevoir et de traiter directement avec Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense française. L'état d'alerte est d'autant plus de mise que l'opération de Belcourt, qui s'était récemment soldée par la mise hors d'état de nuire de Bouti et de l'un de ses acolytes, a permis de confirmer que le Gspc ne désespère toujours pas d'infiltrer la capitale en particulier et les principaux espaces urbains du pays en général. Bouti, comme le rapportait notre journal plusieurs mois avant sa mise hors d'état de nuire, est l'émir de Saria El-Hourra, affiliée au Gspc. Natif du quartier populaire de Belcourt, objet d'antécédents judiciaires dans le cadre de ses activités subversives dans les rangs du sanguinaire GIA, il aurait réussi, annonçait-on, citant des sources sécuritaires sûres et recoupées, à recruter pas moins de 13 activistes, tous issus de ce quartier. Il en resterait quatre, spécialistes de la guérilla urbaine. Devant le pressing des services de sécurité, et le travail de renseignement effectué en ce sens, ce groupe avait dû se replier vers Boumerdès durant les quelques mois passés. Il serait, selon les mêmes sources, derrière la plupart des attentats qui avaient secoué cette wilaya martyre durant la saison estivale passée. Le Gspc, qui s'est de tout temps spécialisé dans les opérations des maquis classiques, aurait fait appel aux «vétérans» du GIA dans le but de démarrer une nouvelle et sanglante guérilla urbaine, pareille à celle qu'avaient menée les acolytes de Zitouni, puis Zouabri, durant les années 90. Le groupe de Bouti, qui ne serait toujours pas démantelé, selon des sources crédibles, aurait même cherché à prendre langue avec un artificier de la Casbah. Il aurait, dans le même temps, tenté de réactiver les réseaux dormants de ce quartier ainsi que ceux du redoutable Bab El-Oued. L'est algérois, loin d'être en reste, fait également face au redéploiement du fameux groupe de Meftah, lequel serait lui aussi en passe de préparer des attentats dans de nombreux endroits réputés chauds, tels qu'El-Harrach, Bachdjarrah et Larbaâ. Ainsi, cette année, plus que toute autre, les éléments des services de sécurité sont sur les dents. Ils se trouvent en état d'alerte depuis le premier jour du Ramadan. Les points de contrôle ont également été multipliés alors que la vigilance est à son paroxysme au niveau des lieux publics les plus fréquentés en ce mois de piété et de consommation, à savoir les mosquées et les marchés. Un dispositif sécuritaire aussi dense est également déployé au sein des plus importantes villes du pays, telles qu'Oran, Constantine, Annaba... L'attaché de presse au niveau de la sûreté de la wilaya d'Alger, le commissaire Djillali Boudalia, explique à ce propos que «les moyens matériels et humains nécessaires ont été mis en place dans le cadre d'un plan sécuritaire élaboré en vue de prévenir et lutter contre la petite et moyenne criminalités». La déclaration, qui vise également, sinon avant tout le banditisme et le crime organisé, confirme en quelque sorte la collusion qui existe entre le terrorisme et ces bandes mafieuses. Même le récent attentat de Larbaâ, durant lequel trois personnes avaient été assassinées par armes à feu, fusils d'assaut et pistolets automatiques, seraient l'oeuvre de ce fameux «gangsterrorisme». L'attaque visant en premier lieu à dévaliser un magasin de téléphones portables. De pareilles attaques, du reste, ont eu tendance à se multiplier ces derniers temps. Les premiers éléments d'enquête, obtenus de sources recoupées, indiquent en effet que les douilles retrouvées étaient toutes neuves. Une preuve que les assaillants n'étaient pas des «terroristes classiques». Impossible d'en dire plus dans l'état actuel des choses. Concernant la prévention, M.Boudalia s'est contenté de confirmer que «des agents de l'ordre ont été mobilisés au niveau des différents marchés publics et lieux de divertissement qui connaissent une grande affluence durant ce mois». Des instructions interdisant le stationnement devant les établissements éducatifs ont, en outre, été données, a-t-il précisé avant de rappeler les mesures répressives contre la criminalité routière qui ont été prises grâce à l'utilisation de radars, de motocyclettes et de scooters. Ce plan, conclut M.Boudalia, représente une ceinture sécuritaire et préventive en ce sens qu'il permet aux services de police d'être tout le temps vigilants et de veiller à la sécurité du citoyen. Consolidées par l'intensification des barrages sécuritaires au niveau de toutes les routes menant à Alger, ces mesures ont été accompagnées d'un plan sécuritaire et préventif, mis en place par les services de sûreté de la wilaya d'Alger et appliqué durant le premier semestre de l'année en cours au niveau de quelques marchés de la capitale tels le marché de Boumati d'El Harrach, le marché de Bachdjarrah et d'autres, donnant lieu à l'arrestation, pendant 45 jours, de 93 personnes pour vols et agressions.