C'est l'une des mesures phare qu'annoncera Nicolas Sarkozy lors de son déplacement à Alger les 13 et 14 novembre. Dans son souci de relancer le traité d'amitié, dont l'idée avait été lancée en mars 2003, Paris semble décidé à lever les blocages et répondre, du moins en partie, aux attentes algériennes. Les Algériens n'attendront plus une vingtaine de jours pour avoir leur visa. Désormais, ils bénéficieront du même traitement que celui réservé aux Tunisiens et Marocains. Ces derniers reçoivent la réponse du consulat au bout de 24 heures pour le visa d'affaires et une semaine pour le visa ordinaire. L'annonce sera faite par le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, lors de sa visite prévue à Alger les 13 et 14 novembre courant. À l'origine de cette décision, la levée de la consultation imposée par les pays de l'espace Schengen à l'Algérie durant les années 1990 en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Si Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et patron de l'UMP (Union pour la majorité présidentielle), aborde avec son homologue algérien Nouredine Yazid Zerhouni les dossiers chauds de l'actualité, à savoir la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, il n'en reste pas moins que les discussions seront élargies à la coopération économique et financière ainsi que les perspectives de développement des relations bilatérales dans l'esprit de la Déclaration d'Alger, signée en mars 2003 à l'occasion de la visite du président Jacques Chirac en Algérie. Nicolas Sarkozy aura des entretiens avec Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et avec le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Le traité d'amitié ainsi que le partenariat d'exception proposés par la France seront très probablement au menu des entretiens. Alors que le consulat de France à Alger a mis en œuvre, depuis mai dernier, un processus en vue d'améliorer les conditions d'octroi des visas à Alger en procédant à la mise en place d'un système de rendez-vous par téléphone, qui évite les interminables queues tout au long du chemin Gadouche à Hydra, la levée de la consultation permettra à coup sûr de soulager davantage les demandeurs de visa algériens, dès lors qu'ils sauront au bout d'une semaine au maximum si le dossier est accepté ou refusé. Il faut savoir que la demande de la levée de la consultation a été introduite en juin dernier par le gouvernement français auprès de Bruxelles, la France étant le pays d'Europe le plus sollicité par les Algériens en matière de dossiers de visa. Le consul général de France à Alger, Francis Heude, avait annoncé que la procédure allait prendre du temps et qu'une éventuelle décision devrait tomber au plus tard à la fin de l'année. Finalement, il aura fallu cinq mois pour aboutir à un consensus européen sur la question. Seules l'Allemagne et l'Espagne ont émis des réserves sans aller jusqu'à bloquer la décision finale. L'Algérie a toujours dénoncé les conditions discriminatoires dans lesquelles sont délivrés les visas, au-delà du quota quasiment réduit, même si les autorités françaises ont de tout temps démenti l'existence d'une politique de quotas réservée aux Algériens. Lors de sa visite à Alger le 10 avril dernier, le chef de la diplomatie française a essuyé les critiques des responsables algériens non seulement sur la question des visas, mais aussi et surtout sur la colonisation et le devoir de mémoire. La réouverture du consulat d'Oran fin 2007 ou l'instauration de visas de un à cinq ans pour les hommes d'affaires, chercheurs, journalistes et autres artistes n'ont pas suffi pour répondre aux attentes algériennes. Alger, qui n'a pas cessé depuis mai 2005 de demander des excuses de la France pour ses crimes commis pendant 132 ans de colonisation, a qualifié de génocide identitaire la présence française en Algérie. Et quand Paris renvoie “aux historiens et aux chercheurs le soin de s'exprimer sur cette période de la colonisation”, Alger insiste sur le fait qu'“il faut quand même purger le passé de ce qu'il peut compter de réminiscences négatives”, car “ce n'est pas un traité banal que nous voulons, c'est un traité de refondation des relations entre nos deux pays et nos deux peuples, qui permettra définitivement de tourner une page”. “Il faut dissiper les malentendus”, avait conclu Philippe Douste-Blazy à propos de la relance du traité d'amitié à l'issue de son déplacement infructueux à Alger en avril dernier. La prochaine visite de Nicolas Sarkozy permettra-t-elle de fixer des perspectives quant à la signature du partenariat d'exception entre l'Algérie et la France ? Attendons pour voir. Salim Tamani