Tayyip Erdogan, le dirigeant du Parti de la justice et du développement (AKP), a été nommé mardi Premier ministre de la Turquie, quatre mois après la victoire de son parti aux élections législatives. Sa nomination par le président Ahmed Necdet Sezer lui permet de prendre la direction du gouvernement, dont il avait été écarté en raison d'une décision de justice le déclarant inéligible aux élections législatives de novembre. Le dirigeant charismatique de l'AKP, un parti aux origines islamistes, dirigeait en fait, en sous-main, aux côtés du Premier ministre sortant Abdullah Gül, le gouvernement sortant. Des réformes aux lois électorales, adoptées par un Parlement où son parti possède une majorité écrasante, lui ont permis, dimanche, de remporter une élection législative partielle à Siirt, dans le sud-est du pays, dernière formalité nécessaire à sa nomination au poste de Premier ministre. M. Erdogan, 49 ans, un ancien maire d'Istanbul, a purgé quatre mois de prison en 1998 pour avoir récité des poèmes jugés subversifs, lors d'un discours politique. Il avait été interdit de politique, mais avait formé l'AKP, en 2001 après une première amnistie. Grâce à cette nomination “nous rectifions encore un défaut dans notre vie démocratique”, a estimé M. Erdogan, s'adressant brièvement à la presse après sa rencontre d'une demi-heure avec M. Sezer. “Je soumettrai au président une liste du gouvernement aussi rapidement que possible”, a affirmé M. Erdogan. «Il y aura quelques changements au gouvernement», a-t-il indiqué, ajoutant toutefois que ces changements seraient limités.