Les 63 harragas, tous originaires des quartiers populaires d'Oran, qui avaient été secourus en mer dans la nuit du 11 novembre dernier au large des îles Habibas, devraient comparaître en justice demain. Incarcérés, depuis qu'ils ont été secourus par des garde-côtes de Ghazaouet, ces 63 jeunes candidats à l'émigration clandestine ont été présentés une première fois au tribunal de Aïn El-Turck ce jeudi après-midi comme cela nous a été confirmé par des parents des jeunes clandestins. Ces derniers ont tenu à être présents pour soutenir leurs enfants et dénoncent : “ils sont traités comme des criminels, amenés menottes aux mains !” nous ont-ils déclaré. Cette situation est mal vécue par les familles qui reconnaissent que leurs fils ou frères ont commis une faute en tentant d'émigrer clandestinement, mais que cela ne fait pas d'eux des individus dangereux. Aux yeux de la loi, les 63 jeunes sont passibles de plusieurs mois de prison pour émigration clandestine et mise en danger de la vie d'autrui. De nombreuses voix se sont élevées jusqu'ici aussi bien des avocats que de la LADDH, pour que ce drame des harragas connaissent un traitement humain, social et pas uniquement répressif. Ces candidats à l'émigration clandestine sont de plus en plus jeunes et certains ont même des diplômes universitaires alors que les tentatives d'émigration clandestine à partir des côtes de l'Ouest ne cessent d'ailleurs de se multiplier ces derniers mois, avec son cortège de drames, de morts. Six personnes ont ainsi péri en mer au début du mois d'octobre, leurs cadavres ayant été repêchés sur les plages de Aïn El-Turc. Une quinzaine de cadavres, ces derniers temps, ont encore été retrouvés rejetés par la mer, alors que pas moins de 400 autres harragas ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de rallier la côte espagnole. Ce dimanche, les 63 jeunes vont connaître leur sort, cela sera-t-il suffisant pour décourager tous les autres qui songent à partir loin du pays à n'importe quel prix. F. Boumediene