D'après le chef de division IDE de l'Andi, quelque 5,7 milliards sur un montant de 8 milliards de projets IDE qui seront examinés en 2007 par cette agence de promotion des investissements — pourquoi en 2007 et pas avant, puisque les dossiers sont parvenus à l'agence ? — seraient d'origine arabe. Cela veut dire qu'au niveau de l'Andi, le stock de propositions d'IDE en Algérie du reste du monde ne dépasse point les 2,3 milliards de dollars ! Il paraît que 6 milliards ont été engagés par les pays arabes depuis 2000, dont 60%, soit 3,6 milliards de dollars, sont déjà réalisés, soit 600 millions de dollars par an. C'est tout ? Dans le contexte du 10e Congrès des hommes d'affaires qui se tient à Alger, il est tout de même de bon ton d'affirmer dans nos comptes rendus que “les hommes d'affaires arabes trouvent le marché algérien attractif”. C'est la démarche qui semble conçue pour escamoter un contexte déplorable. Un investisseur qui attend d'être invité pour être convaincu de l'intérêt qu'il aurait à placer son capital quelque part peut-il être un investisseur sérieux ? Si au stade d'opérateur international, il ne s'est pas donné les moyens d'une prospection industrielle et commerciale, c'est peut-être qu'il n'est pas en mesure de prendre en charge le processus d'avant-projet, fait d'exploration, d'information et d'étude et qui nécessite, il est vrai, quelque budget. Les échanges de bons mots, s'ils rappellent l'inclination culturelle aux échanges révérencieux, ne remplacent pas de véritables initiatives économiques. Si la formule de la tribune avait quelque efficacité, celle-ci se serait vérifiée. Depuis que l'ex-APSI a inauguré la formule des charters de potentiels investisseurs pour des séjours sponsorisés, toute une variété de modes de rassemblement d'hommes d'affaires a été testée. N'ayant pas pu mettre le pays au niveau exigé par la concurrence internationale, on croit compenser le retard par une force de conviction discursive. On ne peut pas convaincre, et surtout pas convaincre le capital, avec l'engagement de mieux faire. Le contexte marqué par l'allocation politique des ressources, l'inadaptation de la pratique bancaire, l'administration contraignante, l'instabilité des règles de marché, en matière monétaire et de foncier notamment, ne peut que dissuader les plus courageux des investisseurs. Ce n'est pas un hasard si les quelques placements se sont cherché des niches à rentabilité rapide, comme la téléphonie mobile. D'autres, enfin, se contentent de jeter leur dévolu sur le foncier et l'immobilier touristiques en attendant de voir. Et certains ne semblent attirés que par les assurances politiques dont ils s'entourent. Trop peu. À notre époque, ce ne sont plus des pionniers cherchant la fortune dans l'aventure ; ce sont de froids évaluateurs qui ont besoin de sécuriser leurs capitaux et les fruits futurs de leurs capitaux contre les aléas des fausses réformes et les abus de la bureaucratie. L'argent des Arabes a aussi besoin de cela, tellement besoin de cela qu'il fuit le monde arabe. M. H. [email protected]