L'inflation qui touche les prix des matériaux de construction est en train de freiner l'élan de développement local amorcé depuis quelques années. Les sommes faramineuses injectées par le centre pour doper le décollage économique local seront, à ce rythme, amorties par cette inflation conjoncturelle au lieu d'aller vers la revitalisation des dépenses, y compris publiques. Les prix des matériaux de construction ne connaissent plus de stabilité dans le vieux Milev. Ils continuent à flamber, dépassant toutes les prévisions. Cette situation, qui a fini par s'inscrire dans la durée, pénalise aussi bien les opérateurs de la filière que les autoconstructeurs. Sur la plus importante place de matériaux de construction à l'échelle de la wilaya de Mila, celle de Seliana, c'est la récession dans toutes les acceptions du terme. Une virée sur les lieux nous a permis de constater que la demande est à son plus bas niveau. L'un des opérateurs, un propriétaire d'entrepôts de ciment en l'occurrence, affirme : “Parfois, je ne vends pas un seul sac de ciment de toute la journée. Les autoconstructeurs, nos clients traditionnels, boudent la place, dissuadés qu'ils sont rebutés par le prix.” Renchérissant, il ajoute : “Et puis, les avantages peu orthodoxes accordés par les cimenteries de la région aux entreprises locales sont également pour quelque chose dans notre situation.” Il y a lieu de signaler que le quintal de ciment en vrac conditionné sur place n'est pas tombé au-dessous de la barre des 600 DA depuis le mois de juillet dernier. L'autre produit concerné par cette flambée des prix est le fer à béton, tous calibres confondus. En effet, pour la seule deuxième semaine de ce mois de novembre, on a enregistré des augmentations de l'ordre de 25% sur les prix du fer. Ainsi, le coût du rond à béton de 12 millimètres, très utilisé par les autoconstructeurs est passé de 4 000 à 4900 DA le quintal. Idem pour le fer de 8 millimètres qui plafonne à 7 000 DA, alors que son coût n'excédait guère les 5 300 DA au début du mois en cours. Les prix des autres types de fer restent excessifs bien qu'ils n'aient pas fait l'objet d'augmentations importantes, nous a-t-on encore précisé. En effet, le rond à béton de 10 millimètres est vendu à 5 300 DA le quintal alors que le fer de 6 millimètres est, quant à lui, cédé à 10 400 DA. Dans le même ordre d'idées, les opérateurs de la filière déplorent, unanimement, ce qu'ils qualifient de “double-jeu” des fabricants des produits rouges. Ils les accusent de faire à la fois les grossistes et les détaillants. “Ils empiètent illégalement sur notre domaine et nous volent nos clients”, conclut-on. Ces perturbations, qui touchent le marché mélévien des matériaux de construction local, remettent au-devant de l'actualité la question de la régulation par le centre de l'offre et de la demande afin de préserver les tendances macroéconomiques lourdes. K. Bouabdellah