Il s'agit, à travers ce plan de plantation, d'exploiter toutes les potentialités existantes afin de hisser la filière oléicole algérienne au même niveau que les autres pays du Maghreb. Afin de réduire un tant soit peu la dépendance de l'Algérie en huiles, notamment végétales, dont les cours au niveau international ne cessent de grimper, l'Etat a décidé de lancer un programme impressionnant de plantation d'oliviers portant sur 500 000 hectares à travers les zones potentielles du pays. C'est à l'ouverture de la cérémonie officielle de célébration de la Journée mondiale de l'olive qui a eu lieu hier à Khenchela que l'annonce de cette décision a été faite par le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, M. Abdeslam Chelghoum qui, à l'occasion, a lancé un appel aux agriculteurs pour adhérer à ce qu'il a qualifié de programme prometteur. L'orateur a expliqué en effet que l'Algérie connaît un retard certain par rapport notamment à ses voisins dans la production de l'huile d'olive et dérivés, que ce soit en termes de niveau de production ou de qualité. Il s'agit donc, à travers ce plan de plantation, d'exploiter toutes les potentialités existantes afin de hisser la filière oléicole algérienne au moins au même niveau que les autres pays du Maghreb. Le programme en question touchera une quinzaine de wilayas qui possèdent un fort potentiel de production. Si les régions notoirement connues pour cette spécialité, à l'instar des régions s'étalant de la Kabylie à Jijel et de Mascara à Oran, sont évidemment concernées par le plan, d'autres wilayas dont les conditions climatiques sont favorables à ce type de plantation ont été ajoutées à la liste. C'est le cas à titre d'exemple des wilayas de Biskra, d'El-Oued et de Khenchela dont les expériences menées ont démontré que l'olivier peut bien s'adapter à des zones qui ne sont pas traditionnellement les siennes. Les résultats semblent avoir donné satisfaction aux agriculteurs de ces régions, ce qui amené les pouvoirs publics à envisager d'autres plantations. Pour M. Chelghoum, le cap aujourd'hui est mis sur la résorption du retard pris par l'Algérie dans ce domaine comparativement à ses voisins. En effet, notre pays ne compte actuellement qu'une surface de 350 000 ha de plantations d'olivier, alors que la Tunisie par exemple possède pas moins de 1,5 million d'ha. Le retard à rattraper semble donc énorme. C'est pour cette raison que ce programme immense a été projeté et doit s'étaler sur plusieurs années. Avec l'arrivée de nouveaux pays producteurs d'huile d'olive sur la scène internationale, comme les Etats-Unis, l'Australie et l'Afrique du sud, l'augmentation de la demande et la cherté des huiles végétales, le marché devient de plus en plus vulnérable. Une telle situation ne peut que contraindre l'Algérie à procéder à une sorte de mise à niveau pour cette filière afin de lui permettre de se frayer un chemin au sein du club très restreint de producteurs d'huile d'olive dans le monde. D'ailleurs, selon des spécialistes, les pays traditionnellement producteurs situés sur le pourtour de la Méditerranée, l'Italie en tête, envisagent de se constituer en une sorte de cartel afin de défendre leurs intérêts face à une concurrence de plus en plus féroce. C'est donc un groupe d'intérêt commun, à l'image de l'Opep, qu'ils projettent de monter. L'Algérie, faut-il le rappeler, est membre à part entière du Conseil oléicole international depuis 1963. Un responsable de l'Institut des techniques de l'arboriculture fruitière (ITAF) a indiqué, hier, lors du séminaire organisé à l'occasion de la Journée internationale, qu'un projet de création d'un comité de dégustation est en gestation. Ce comité se chargera du contrôle des huiles afin de vérifier la qualité du produit et ses caractéristiques. Des diplômes seront ensuite décernés aux agriculteurs dont les produits répondent aux normes de qualité en la matière. Le président de la Chambre nationale de l'agriculture, M. Cherif Ould El-Hocine, a salué hier la décision prise par les pouvoirs publics de procéder à la plantation de 500 000 ha d'oliviers. Il a en effet estimé qu'un tel programme se soldera en amont et en aval par une redynamisation de la filière et des activités annexes, comme la trituration, le conditionnement et l'emballage. Pour le président de la CNA, ce plan permettra à l'Algérie et au secteur d'avoir “une véritable filière intégrée”, ce qui permettra par la suite de penser à l'exportation. “La filière a un avenir radieux, surtout que les huiles végétales connaissent des hausses importantes sur les cours internationaux”, a-t-il relevé. Hamid Saïdani