Le risque de voir la France revivre la même situation qu'avril 2002 n'est pas tout à fait exclu d'autant que la leçon du 29 mai 2005 est encore vivace dans les esprits lorsque les Français ont dit non à la Constitution européenne. À quelques mois de la présidentielle de mai 2007, le débat politique semble connaître un certain recentrage autour des thèmes électoraux, à l'exemple de celui de l'immigration, de l'intégration et de la sécurité. Si du côté du Parti socialiste, qui a officiellement investi hier Ségolène Royal candidate pour la présidentielle de l'an prochain, l'on considère que la diversité culturelle et le métissage sont une chance pour le pays, en allant jusqu'à récuser la distinction entre Français issus de l'immigration et Français de souche, il n'en est pas de même pour la droite incarnée par l'UMP de Nicolas Sarkozy, même si l'on ose aujourd'hui parler d'intégration en posant, bien entendu, un certain nombre de conditions dont l'apprentissage de la langue française. Mais au-delà de cette question qui, selon les derniers sondages, occupe la dernière position dans les principales préoccupations des Français, c'est la problématique des banlieues et de leur poids électoral, sachant que près de deux millions de Français ne sont pas inscrits sur les listes électorales. Et ce ne sont pas les 17% d'intentions de vote exprimées en faveur de l'éternel candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, qui sont à même d'arranger les choses. Le risque de voir la France revivre la même situation qu'avril 2002 n'est pas tout à fait exclu d'autant que la leçon du 29 mai 2005 est encore vivace dans les esprits lorsque les Français ont dit non à la Constitution européenne. C'est dire l'avancée des idées de l'extrême droite au sein d'une société qui souffre, depuis le passage à l'euro, d'un certain nombre de problèmes dont ceux liés principalement à l'emploi, au logement et à l'exclusion. C'est dans ce contexte extrêmement difficile que, aussi bien l'UMP que le PS iront, évidemment chacun de son côté, se battre pour gagner des voix, mais aussi et surtout lutter contre la poussée de l'extrême droite. En se rendant en Algérie, synonyme de son attachement à l'amitié franco-algérienne, et en investissant les banlieues et les quartiers populaires, Nicolas Sarkozy, au-delà du fait qu'il tente de courtiser l'électorat issu de l'immigration en l'incitant à aller voter, veut tout simplement couper l'herbe sous le pied des radicaux de droite afin d'éviter le scénario catastrophe d'il y a cinq ans. Mais la mission n'est pas aussi facile que cela puisse paraître a priori. Car, il s'agira d'abord d'effacer cette image d'un “Sarkozy bête noire des banlieues”. S. T.