Le ministre syrien des Afaires étrangères, Walid Moualem, a accusé hier les Etats-Unis et la France d'“interférences” au Liban tout en rejetant les mêmes accusations d'ingérence, prononcées par les deux pays, à l'encontre de Damas. Paris et Washington, concordent sur le Liban en imputant, entre autres, à ses dirigeants leur implication présumée dans les meurtres de personnalités politiques libanaises ! C'est un non-sens a martelé le ministre syrien, qui vient d'exprimer la bonne disposition de son pays à favoriser la paix dans la région en normalisant les relations de la Syrie avec l'Irak. “Nous savons qui interfère au Liban, ce sont les Américains et les Français ”, a-t-il dit en marge d'une rencontre Euromed des ministres des Affaires étrangères de l'UE et du Bassin méditerranéen à Tampere en Finlande, rappelant que son pays se contentait de jouer un rôle conforme aux intérêts de son propre peuple et des intérêts de la région. La France, qui, particulièrement, ne l'entend pas de cette oreille, accuse Damas de ne pas aider au respect de la résolution 1701 des Nations unies qui a mis fin le 14 août à la quatrième invasion du Liban par Israël. La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a été plus prudente en appelant les Syriens à concrétiser leurs déclarations sur leur volonté de jouer un rôle positif en faveur de la paix au Proche-Orient. Washington, qui refuse tout contact avec les dirigeants syriens, commence de son côté à voir en Damas un interlocuteur indispensable pour dénouer les crises induites par l'invasion de l'Irak. La Syrie a de nouveau été montrée du doigt après l'assassinat du ministre chrétien libanais Pierre Gemayel, la semaine dernière à Beyrouth. C'est la cinquième personnalité anti-syrienne tuée depuis l'attentat qui avait coûté la vie, le 14 février 2005, à l'ex-Premier ministre Rafic Hariri et pour lequel des responsables syriens et libanais ont été mis en cause mais dont les complicités n'ont pas encore été définitivement établies par la commission d'enquête ad hoc onusienne. C'est sur cette toile de fond que des partisans de différents courants politiques chrétiens au Liban se sont affrontés ces dernières 48 heures à Beyrouth. Des heurts ont mis aux prises des partisans des Forces libanaises (FL), membre de la majorité anti-syrienne et ceux du Courant patriotique libre (CPL) du général Michel Aoun allié au Hezbollah et donc, selon la logique du camp adverse, pro-syrien. D. B.