Après 32 jours de grève de la faim, les grévistes ont été victimes d'une manipulation qui les a fait quitter, hier, la Centrale syndicale. Ils ne comptent pas en rester là. Les travailleurs de l'Etusa, désormais tristement connus pour de longues affaires de justice et dernièrement entrés en grève de la faim, sont loin de voir leurs déboires s'achever. Pour rappel, ces employés avaient été licenciés dans le cadre d'un redressement économique de l'Etusa, sans pour autant percevoir les indemnités qui leur reviennent de droit. La décision de recours à la grève a été pour eux le seul moyen, après toutes les autres tentatives de dialogue qui se sont avérées infructueuses, de bénéficier d'une audience auprès des différentes autorités sollicitées. Et ce, malgré l'existence de décisions de justice qui leur sont favorables et qui demeurent non appliquées. Les récentes négociations avaient abouti à la réintégration, en premier lieu, des travailleurs qui bénéficient de ces décisions de justice, à leurs postes de travail initial. Pour les autres, il était prévu d'étudier la question au cas par cas. Un dénouement de courte durée, puisque les mêmes travailleurs ont repris la même grève quelques jours plus tard, après avoir découvert la parade. Les employés repêchés ont appris qu'ils seraient réintégrés dans l'entreprise, mais en tant que “nouvelles recrues”. Une situation insupportable pour des personnes qui ont toutes plus de dix ans d'ancienneté à l'Etusa. Avant-hier, ces derniers ont été informés de l'existence d'une plainte qui aurait été déposée contre eux et qui viserait à les déloger de la Centrale syndicale où ils observent une grève de la faim depuis plus d'un mois. Ils décident donc de quitter les lieux. De retour au siège de l'UGTA le lendemain, ils confirment leurs soupçons. En effet, des éléments de la police se sont présentés à eux, hier dans la matinée, afin de les convoquer suite à une requête du procureur général de la République. Docilement, le collectif se présente au commissariat et apprend que tout compte fait, aucune saisine du procureur général n'a été enregistrée à leur encontre et qu'ils étaient libres de repartir. Ils se demandent donc d'où provient et à quoi rime cette manœuvre, et prévoient, par conséquent, de regagner la Maison du peuple dès samedi prochain. D'autant qu'ils sont en possession d'une correspondance du secrétariat général de l'UGTA, adressée au directeur général de l'Etusa le sollicitant pour l'application, au regard de la loi, de la décision de justice, à savoir réintégrer les employés qui en bénéficient à leurs postes de travail, en précisant qu'en tant qu'organisation syndicale, elle ne pourrait qu'“apprécier ce respect du Droit”. Questionné à ce sujet, un responsable de l'UGTA a déclaré : “La présence des grévistes n'est plus légitime, puisque leur problème a été réglé, il y a une décision de justice qui est appliquée, la grève n'a donc plus lieu d'être.” Mais de leur côté, les ex-employés de l'Etusa estiment avoir été bernés. Des promesses et des paroles en l'air et toujours pas de solution concrète à leur problème. Amina Hadjiat