La transformation politique et économique de l'Algérie a été irrégulière, tant en termes de rapidité que d'intensité, c'est ce que relève l'indice de transformation de Bertelsmann pour 2006, présenté lors d'une rencontre organisée par la fondation allemande Friedrich-Naumann. le moins que l'on puisse dire, le rapport, “réalisé au printemps 2005”, sur l'Algérie, ne fait pas dans la dentelle. Il est négatif de bout en bout. Pour autant, certaines données soulèvent des questionnements, notamment, en ce qui concerne le classement de notre pays. L'Algérie est classée à la 85e position par rapport au “statut index” (démocratie et économie de marché), avec un indice de 4,2, et au 91e rang par rapport au “Management Index” (qualité de gestion) avec un indice 3,6, loin derrière le Maroc, la Tunisie mais aussi et paradoxalement, le Mali et le Niger, pourtant considérés comme étant des pays très pauvres, ou le Bénin qui compte parmi les 40 pays les plus pauvres au monde. Le Bertelsmann Transformation Index (BTI) est d'un classement global qui analyse et évalue la dynamique de 119 pays en transition ou en développement, dont l'Algérie, leur capacité à aller de l'avant avec comme objectif d'isoler le caractère de la qualité de gestion du pays. Le BTI illustre la corrélation entre le développement économique et le management politique. Les principaux indicateurs, Statut Index et Management Index, prennent en considération 58 critères (performances économiques, libertés individuelles, climat des affaires, compétitivité…). L'objectif est de fournir, au niveau international, une vision complète de l'évolution de la démocratie et de l'économie de marché ainsi que de la qualité de la gestion politique dans chacun de ces pays. Corruption, centralisation des décisions, marché informel, lenteur dans la conduite des réformes, autant de raisons avancées pour justifier ce mauvais classement. “Les réformes économiques en direction de l'économie de marché promises n'ont pas été autant couronnées de succès”, relève le rapport, estimant que “le groupe réformateur au sein du gouvernement et au sein des partis politiques est tout bonnement trop faible pour avoir un impact sur le rythme de mise en œuvre de ces réformes”. Du coup, le rapport juge le niveau d'avancement de la transition “ambivalent”. La stabilité macroéconomique est, de façon claire, le succès le plus significatif. L'indice de transformation de Bertelsmann évoque la “corruption tentaculaire, l'inefficacité et la partialité des tribunaux, qui constituent un risque pour tout propriétaire privé”. Le document estime que la banque centrale n'est pas indépendante et que le processus de privatisation, même s'il est accepté dans son principe, avance à un rythme trop lent tant pour les entrepreneurs algériens que pour le monde des affaires à l'étranger. Le rapport juge le système de protection sociale existant défaillant. Il note que l'égalité des chances n'existe pas en Algérie ni en matière d'accès au marché du travail ni au système éducatif, et encore moins en termes de soins. Du coup, pour les rédacteurs de l'indice de transformation de Bertelsmann, la mise en œuvre des réformes souffre d'un manque de structures de base pour le marché. Pour autant, le rapport reconnaît la volonté politique affichée, du moins dans le discours, d'accélérer le rythme des réformes économiques. L'indice de transformation de Bertelsmann pour 2006 est à sa deuxième édition, la prochaine édition est prévue pour 2007. M. R.