Les Vénézuéliens votent demain. Chavez est certain de repasser mais, apparemment, lui-même doute que ce ne soit pas le raz-de-marée comme il n'avait cessé de le prévoir. Son rival, gouverneur d'une province pétrolière et représentant des classes moyennes et supérieures, lui a donné du fil à retordre durant la campagne électorale qui s'est, par ailleurs, terminée dans un climat tendu. Les accusations et les piques, échangées entre le président-candidat et le candidat social-démocrate, Manuel Rosales, ont poussé la population de la capitale à se ruer vers les magasins. À la clôture officielle de la campagne électorale, de nombreux Vénézuéliens se préparaient au pire, se remémorant le coup d'Etat raté et les quatre grèves nationales de ces cinq dernières années. Dans un climat de tension, les habitants ont vidé les magasins de la capitale et fait des réserves d'eau et de nourriture. Chavez a alimenté les craintes en annonçant, jeudi, un complot. Hugo Chavez, dont le thème de campagne a été “La lutte contre l'impérialisme américain”, a jugé l'opposition irresponsable et putschiste pour avoir brandi la menace de fraude, l'assimilant implicitement à l'ennemi numéro un du Venezuela ! Lui-même ex-officier putschiste, déjà échaudé par un coup d'Etat avorté en 2002, mené par le patronat et soutenu à l'époque par Manuel Rosales, a affirmé avoir déjoué un attentat contre ce dernier, ourdi, selon lui, par des franges radicales de l'opposition pour générer le chaos. S'il rue autant dans les brancards, estiment des observateurs, c'est qu'il n'est plus tout à fait assuré du “score socialiste” qu'il escomptait. Chavez, dans sa dernière apparition télévisuelle, devait se montrer plus sobre, jurant respecter la décision du peuple vénézuélien quelle qu'elle soit. “Je suis un démocrate convaincu”, s'est-il défendu. Redoutant un coup fourré de l'opposition, un rejet du verdict des urnes, le président sortant avait, auparavant, averti qu'il riposterait en hâtant la convocation d'un référendum constitutionnel, décrié par ses opposants, pour permettre une réélection indéfinie. Rosales s'est dit, pour sa part, prêt à reconnaître sa défaite en cas de scrutin transparent, jugeant partial le Conseil national électoral (CNE). Alors que Rosales prône la rupture des contrats privilégiés noués avec l'Iran et la Russie, Hugo Chavez a annoncé renommer en cas de victoire son pays “la République socialiste bolivarienne du Venezuela”. Les Etats-Unis, qui ne savent plus quoi faire pour limiter l'influence de Chavez en Amérique latine — où la gauche a littéralement écrasé, par voie électorale, les libéraux et néolibéraux —, ont souhaité que la présidentielle se déroule de manière libre, juste et transparente. À la tête de ce pays regorgeant de pétrole depuis 1998 et premier fournisseur d'énergie aux Etats-Unis, Chavez, qui brigue un nouveau mandat de six ans, est crédité d'une confortable victoire sur son adversaire. La question pour Chavez est : quel pourcentage représente encore son opposition ? D. Bouatta