Dix ans après leur licenciement, les travailleurs de l'ex-unité commerciale de l'Office régional des viandes de l'Est (Orve) d'Annaba continuent de prétendre à la cession à leur profit des actifs de l'entreprise sous forme d'une Sarl. Les plus déterminés se sont constitués en un collectif de 25 personnes et ont entrepris de frapper aux portes de l'administration locale. “L'ultime démarche dans cette perspective”, selon eux, après avoir usé de toutes les voies de recours auprès du holding de tutelle, du CPE et même de la présidence de la République. Les travailleurs, mobilisés dans cette action de restitution de ce qu'ils considèrent toujours comme leur bien légitime, disent ne pas comprendre aujourd'hui encore pourquoi leur unité, qui réalisait des bénéfices substantiels, a été fermée. “Notre unité était des plus performantes dans la région Est. Nous avons fait les frais de la mauvaise gestion des cadres dirigeants de l'office qui n'ont pas été concernés par les mesures de licenciement comme nous !” s'indigne l'un des représentants du collectif. Et d'ajouter : “Il y a eu maldonne dès le départ en 1996, lorsqu'on nous a mis de force au chômage technique. Des personnes très fortunées ont influé sur le cours des évènements, lorsqu'il s'était agi de céder les actifs de l'Orve aux simples employés que nous sommes, parce qu'elles espéraient et espèrent encore s'approprier l'unité commerciale. Sinon comment expliquer que de toutes les infrastructures de l'ex-office, celle-là seulement n'a pas fait l'objet d'ouverture à la cession comme stipulé dans le décret n°97.320 du 25.12.1997. Décret dont nous n'avons pris connaissance que bien plus tard, soit dit en passant.” Pour cet homme en colère, toute l'opération a été montée par certains cercles d'affairistes locaux pour avoir “à l'usure” les travailleurs qui avaient des velléités de sauvegarde du patrimoine de l'Orve au lendemain de sa liquidation. Il argue du fait que l'unité en question soit passée entre les mains de différentes tutelles (Enafroid, Seybouse entreposage, et, tout récemment, Skikda Mag) en l'espace de 10 ans, pour expliquer les desseins de ceux qui projettent d'acheter pour une bouchée de pain leur ancienne unité. Les travailleurs mobilisés, qui étaient plus de 70 à manifester leur intérêt à une éventuelle reprise de l'unité commerciale en mars 1997, soit 4 mois seulement après la dissolution de l'Orve, émargent depuis cette époque au chômage. Certains d'entre eux sont aujourd'hui décédés, d'autres ont pu faire valoir leurs droits à la retraite, mais il en est qui, n'ayant pas de ressources, vivent dans des conditions de pauvreté extrême. “Comment pouvons-nous vivre avec une allocation chômage d'un peu plus de 3 000 DA ?” se lamente celui qui semble être le plus âgé d'entre les signataires de la pétition. “Nous aurions pu continuer à vivre normalement si les décideurs avaient tenu compte de notre offre. Le dossier que nous avions présenté était pourtant complet et satisfaisait à tous les critères d'éligibilité à la cession, au lieu de cela, voyez ce qu'ils sont en train de faire à notre outil de travail…”, regrette encore ce dernier. Pour notre part, nous avons, à maintes reprises, essayé d'en savoir plus sur ce dossier douloureux auprès du liquidateur, mais celui-ci s'est dérobé à nos questions à chaque fois. A. ALLIA