Les différents dispositifs de création d'entreprises et d'emplois pour les jeunes, mis en place ces dernières années par les pouvoirs publics, sont aujourd'hui confrontés à l'épreuve des réalités du terrain. Cette vérité a été reconnue hier, à demis mots, par Saïd Anane, directeur de l'emploi au ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale, lors de l'émission radiophonique En toute franchise de la Chaîne III. “Il faut connaître le marché de l'emploi pour pouvoir le réguler”, a déclaré l'invité dans sa présentation liminaire, en brossant un tableau des plus parfaits des moyens et instruments engagés, tant financiers que réglementaires, pour venir à bout du phénomène du chômage. Selon M. Anane, les pouvoirs publics ont mobilisé près de 30 milliards de dinars en 2006 pour la réinsertion des jeunes, contre 12,3 milliards en 1999. Sur le registre du niveau de recrutement, il a laissé entendre que 560 000 postes ont été financés par l'Etat cette année contre 260 000 postes en 1999, sans distinguer l'emploi durable de l'emploi saisonnier. “Le dispositif de l'emploi incarne l'effort de l'Etat en direction de la jeunesse”, a indiqué l'invité de la Chaîne III, sans pouvoir donner le nombre d'emplois créés par chacun des dispositifs. Devant les interrogations de certains journalistes présents sur le plateau et surtout de l'animateur de l'émission, le directeur de l'emploi a fini par admettre l'existence de “dysfonctionnements” et de difficultés auxquels les jeunes font face régulièrement sur le terrain, dont “la contrainte numéro un” se rapporte au local à usage professionnel et commercial. On apprendra qu'en matière de crédit bancaire, “l'objectif n'est pas atteint”, en dépit des conventions signées entre les banques et l'Agence nationale de gestion des micro-crédits (Angem). Concernant la décision de financer 100 locaux par commune par les deniers publics, qui a été prise en 2003 par le gouvernement, M. Anane promettra que les locaux non achevés seront prêts en 2007 et que leur distribution se fera dans “la transparence totale”. Interpellé sur le remplacement du projet des 100 locaux, dans la commune de Kouba, par l'implantation de tentes, l'intervenant a attesté que “les communes peuvent être différentes par la démarche”, en ajoutant : “La tente n'est pas dans le programme. Les locaux doivent être construits selon des normes préétablis et les activités.” Sur la question du sort des jeunes, inscrits dans le dispositif de soutien à l'emploi, qui sont pénalisés par les retards de l'agence dans le renouvellement de la location de leur local, il s'est référé aux seuls textes et à l'existence d'un “partenariat entre les agences et les promoteurs potentiels”. Pour ce qui est du travail de proximité à faire en direction des jeunes mal informés ou résidant dans des régions éloignées, le directeur de l'emploi a applaudi à la mise en place, en juin 2006, d'un comité local de soutien à l'emploi dans les wilayas et à “la réhabilitation” du bureau communal de l'emploi, ainsi qu'à la création, à l'échelle nationale, de l'observatoire de lutte contre le chômage. “Selon nos prévisions, le taux de chômage pour 2006 sera de 13,4%. Nous attendons la confirmation par l'ONS”, a révélé l'invité de la Chaîne III, avant de conclure : “À ce rythme de développement, le taux de chômage avant 2010 serait à un chiffre.” Moins de 9% ? Pas de réponse… H. Ameyar