Pour soutenir le marché de l'emploi en Algérie, le gouvernement va mettre en place une fiscalité adaptée en faveur des employeurs. Ce nouveau dispositif, qui vient s'ajouter aux autres plans de lutte contre le chômage prévoit, en effet, des baisses des charges parafiscales pouvant aller jusqu'à 36 %. Destiné à maintenir et à créer d'autres emplois, le projet prévoit, également, une baisse de 20 % en ce qui concerne les cotisations de sécurité sociale au profit de l'employeur pour tout nouveau emploi créé et cela pour une durée de 3 années maximales. Cette baisse peut atteindre 28 % quand le demandeur d'emploi est recruté pour la première fois de sa vie, et 36 % lorsque l'emploi a été créé dans le Sud et les Hauts Plateaux. Le même décret stipule également qu'il y aura une baisse de 8% et durant une année pour tous les employeurs qui emploient neuf travailleurs et plus qui doublent leurs effectifs initiaux, soit un gain de 2 %, ce qui ramène la part patronale à 23 % et le taux global à 32,5 %. Le décret examiné par le gouvernement prévoit également de dispenser totalement l'employeur des charges parafiscales quand il met son employé en formation, à condition que celle-ci n'excède pas trois mois. L'exonération de la cotisation globale de sécurité sociale durant les périodes de formation a été décidée pour encourager les employeurs à toujours améliorer le niveau de qualification de leurs travailleurs. Une subvention de 1 000 DA sera, même accordée chaque mois pour tout employeur qui passe avec son employé d'un contrat de travail à durée déterminée (CDD) à un contrat de travail à durée indéterminé (CDI) en plus, bien évidemment, de l'abattement de la part de cotisation de sécurité sociale pour la partie patronale.Selon le directeur général de l'emploi, auprès du ministère du Travail et de l'Emploi, Saïd Anane qui s'exprimait, hier, sur les ondes de la Chaîne III, ce nouveau dispositif "vient dans un contexte où on observe une tendance à l'augmentation de l'offre de l'emploi. Il y a des taux d'accroissement de l'économie qui permettent d'envisager une relance de recrutement au niveau des entreprises". Le gouvernement, en mettant en place ces mesures incitatives, ajoute Anane, prend en charge simultanément deux préoccupations, à savoir réduire le chômage et préparer ainsi les entreprises à la compétitivité. Néanmoins, tous les dispositifs que le gouvernement a mis en place depuis les années 90 à ce jour, n'ont pas pu baisser de manière significative le taux de chômage, notamment, des jeunes de la tranche 16-29 ans. Le taux de chômage juvénile a atteint, en 2006, les 28% par rapport à celui des adultes qui a atteint, pour sa part 6,5%. "Aujourd'hui, on ne peut pas dire aux jeunes qu'avec ces allégements on va réduire le chômage substantiellement", dira Mohamed Said Saib, chercheur et spécialiste de la question de l'emploi. En réponse à ses déclarations, le directeur général de l'emploi a déclaré que chaque année un volume de chômage, qui dépasse 400 000 demandeurs d'emplois tous dispositifs confondus, est géré au sein du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, et que malheureusement, le taux de recrutement restait faible. "Aujourd'hui, le ministère chargé de l'emploi a ouvert un nouveau dossier pour actualiser ces dispositifs et leur faire jouer un accompagnement plus qualitatif, pour que ces jeunes s'approprient leurs métiers, et deviennent incontournables dans leur recrutement" justifiera-t-il. D'ailleurs, l'une des recommandations, retenues dans la dernière réunion gouvernement-walis, c'est justement de mieux accompagner les jeunes dans la création d'activités, mais aussi, d'accompagner par des actions de formations ceux qui vont vers le salariat, de manière à ce que leur recrutement soit facilité. Maintenant, les questions qui se posent sont : quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour la bonne réussite de cette initiative, et est-ce que ce nouveau dispositif va intéresser, éventuellement, les entreprises ?Pour Slim Athmani, un industriel algérien, les mesures qui sont proposées "ne sont pas suffisantes et ne correspondent pas à la réalité effective du terrain". Tout en voulant assurer les employeurs algériens, le directeur de l'emploi a déclaré à ce sujet que le gouvernement est en train de préparer toute une panoplie de mesures. "On va arriver à un moment où les acteurs du marché de l'emploi, à savoir le patronat, les syndicats, les travailleurs et les pouvoirs publics, doivent discuter, effectivement, des meilleures mesures à prendre pour mieux réguler notre marché de l'emploi et donc sauvegarder l'outil de production des entreprises et baisser le taux de chômage dans notre pays" conclut-il.