Pour le chef de l'Etat, les jugements sur une mauvaise gestion de cette manne sont infondées. Des efforts sont menés, a-t-il ajouté, pour rationaliser les dépenses publiques et pour lutter contre le phénomène de corruption. Où va l'argent du pétrole ? La signature hier de la loi de finances 2006 a été “une opportunité” pour le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans un discours bilan, “de clarifier le débat” sur cette question et “d'éclairer l'opinion publique” sur sa vision et sa pratique quant à la valorisation de revenus tirés de l'exportation des hydrocarbures. “Ce surcroît a servi à lever les hypothèques très contraignantes qui pesaient sur la nation et qui risquaient de compromettre la cohésion sociale et d'obérer l'avenir des nouvelles générations”, souligne M. Abdelaziz Bouteflika révélant, dans la foulée, que le montant des réserves de change, estimé à 75 milliards de dollars, contre seulement 4 milliards en 1999, représente 25 mois d'importation. Les réserves de change, explique le président de la République, sont un “gage de stabilité de notre monnaie et une garantie de maintien de nos échanges commerciaux à un niveau suffisamment élevé pour soutenir notre effort de développement”. Le chef de l'Etat rappelle le processus de désendettement engagé vis-à-vis des institutions multilatérales et des clubs de Paris et de Londres, en remboursant, par anticipation, la dette extérieure qui est passée de 33 milliards de dollars US en 1998 à 4,7 milliards à fin 2006, grâce à l'utilisation d'une partie des réserves de change. Cette dette “qui entravait gravement le développement du pays” ne représente plus en 2006 que 4,3% du PIB et 8,6% des exportations contre 34,3% du PIB et 89,7% des exportations en 2003. “Ainsi, la dette extérieure ne pèse plus, aujourd'hui, sur le pays, et elle ne pèsera pas non plus sur lui, dans le futur, car nous avons décidé d'éviter d'emprunter à nouveau pour ne compter, désormais, que sur nos propres ressources et nos propres forces”, rassure M. Abdelaziz Bouteflika. Il rappelle aussi la mise en place du Fonds de régulation de recettes, dont les disponibilités à fin novembre 2006, s'élèvent à 3 030 milliards de DA, soit l'équivalent de 42,6 milliards de dollars. “Elles représentent une capacité de financement deux fois supérieure aux besoins de financement du déficit du Trésor en 2006 et 94% des déficits cumulés prévisionnels pour les exercices 2006 et 2007. Rapportées aux seules dépenses au titre du budget d'équipement, les disponibilités du Fonds de régulation des recettes, à fin novembre 2006, couvrent ces dépenses à hauteur de 143% et à hauteur de 73% pour les dépenses d'équipement prévisionnelles cumulées pour les exercices 2006 et 2007”, précise le chef de l'Etat. Les revenus tirés des hydrocarbures ont été aussi “mis à profit” pour déployer un ensemble de politiques publiques porteuses, citant le rattrapage des chantiers qui étaient en souffrance depuis la fin des années 80, la reconstruction des infrastructures détruites par le terrorisme, le Programme de soutien à la relance économique d'un montant de 7 milliards de dollars sur la période 2001-2004, consacré notamment au renforcement des infrastructures et des services publics de proximité, le Programme complémentaire de soutien à la croissance et les Programmes de développement des Hauts-Plateaux et régions du sud du pays qui totalisent 144 milliards de dollars US sur la période quinquennale 2005-2009. Le Président évoquera, dans son discours, “des voix” qui se sont élevées, “parfois en toute bonne foi”, pour se poser la question “de savoir ce qu'il est fait de cet argent qui rentre dans les caisses de l'Etat ou encore pour se demander si cette manne ne favorise pas le gaspillage, voire la corruption”. M. Abdelaziz Bouteflika rappelle les efforts entrepris “en vue de rationaliser les dépenses publiques, mais aussi pour renforcer et mettre en œuvre les dispositifs mis en place chargés de combattre le phénomène de la corruption”. Par contre, le Président affirme que “certains commentateurs se sont fourvoyés dans des analyses faussement expertes et des affirmations douteuses voire malveillantes sur une prétendue imprévoyance des pouvoirs publics à l'égard de l'utilisation du surcroît de nos ressources pétrolières ainsi que sur leur mauvaise gestion”, jugeant, telles assertions, “totalement infondées”. Les résultats des réformes du système économique mises en chantier durant ces dernières années, souligne le Président, se sont traduites entre autres par un recul du chômage qui est passé de plus de 30% en 1999 à 15% en 2005, une maîtrise de l'inflation ramenée à 1,6% en 2005, et à 2,1% durant les 10 premiers mois de 2006, la création de 92 554 PME pour un investissement de l'ordre de 579,9 milliards DA, dont 404,5 milliards de crédits bancaires, la création de près de 58 000 microentreprises pour un investissement de 98,3 milliards DA, l'accroissement du PIB par habitant qui a presque doublé entre 1999 et 2005, passant de 108 064 DA (1 623 dollars) par habitant en 1999 à 227 400 DA (3 100 dollars) par habitant en 2005 et une augmentation de la consommation des ménages de près de 45% durant la période 1999-2004. “Malgré ces résultats encourageants, les difficultés perdurent”, reconnaît le chef de l'Etat. Du coup Abdelaziz Bouteflika “invite les Algériens détenteurs de capitaux à prendre confiance en eux-mêmes et dans les capacités qu'offre le pays en termes de ressources, de marché et d'avenir et à investir davantage dans le développement national” en engageant l'Etat “à réunir les conditions d'un climat d'affaires et d'un environnement favorable à l'entreprise par la réduction des impôts, taxes et charges et par l'introduction de mesures incitatives à l'investissement et aux porteurs de projets productifs”. Il invite aussi “le capital étranger à percevoir et à mesurer à sa juste valeur le potentiel de l'économie algérienne dotée aujourd'hui d'avantages comparatifs avérés et bénéficiant d'une situation géostratégique remarquable”, précisant que “l'investisseur, qui intervient directement ou en partenariat, bénéficie naturellement des mêmes avantages que l'investisseur national dans un marché concurrentiel”. Meziane rabhi