RESUME : Kamel met au courant ses parents. Sans leur dire l'identité de sa fiancée. Il n'est pas surpris d'entendre son père le menacer. Sa mère tente d'en savoir un peu plus mais il garde le secret, pour le moment. Le matin, il quitte le village avant que tous ne soient levés. Ce vendredi-là, les parents de Daya passent leur temps à recevoir leurs voisins et amis. La veille, ils ont entendu le cri de joie et ils sont venus les féliciter. Curieux, ils veulent savoir à qui elle a été promise et d'où il est originaire. Mohand répond aux questions, avec le peu d'informations qu'il a sur Kamel. Au bout de quelques heures, tout le village est au courant. À la mosquée, des cousins viennent prendre des nouvelles de la famille et savoir si la rumeur est vraie. - Comment se fait-il que tu n'aies pas invité ta famille ? - Ecoutez, je n'avais invité personne, répond-il. Mais vous serez tous invités au mariage. Parmi les fidèles qui se sont rendus à la mosquée, il y a aussi le père de Kamel et des cousins. Il ignore pourquoi mais ce qui se dit à quelques mètres de lui ne lui est pas indifférent. - Félicitations Mohand. Que fait ton futur gendre, dans la vie ? l'interroge un autre. - Il est dans le bâtiment, répond-il. Il a un avenir prometteur. - Sa famille est venue avec lui ? Mohand sourit. - Bien sûr qu'il n'est pas venu seul ! Mais le pauvre a perdu ses parents quand il était petit, dit-il. Cela a du bon parce que la vie lui a enseigné qu'il ne doit compter que sur sa propre personne pour s'en sortir ! Il est intelligent et responsable ! Ma fille sera comblée… - Le mariage est prévu quand ? - Dès qu'il sera prêt. Dans une année ou deux. Ouali se rappelle son fils, venu la veille leur apprendre qu'il avait une fiancée. Il demande à l'imam de l'interroger pour lui. - Ce jeune est du village ? - Non, il est d'Alger, répond Mohand. Pourquoi ? - Juste pour savoir, dit l'imam à qui Ouali a demandé l'âge du prétendant. - Je ne sais pas. Ce n'est pas une question qui m'est venue à l'esprit, réplique Mohand, un peu agacé. Pourquoi me posez-vous toutes ces questions ? - C'est un sujet de discussion, dit l'imam avant de s'excuser. Je ne voulais pas vous énerver. Mes félicitations à votre famille ! Je serai amené à bénir leur union, ne l'oubliez pas ! - Oui ! Il n'y a pas d'autres imams, dans la région ! Mohand salue ses amis et alors qu'il sortait de la mosquée, un coup d'œil en arrière lui permet de voir l'imam et Ouali M. discuter. Il se rappelle que ce dernier est le père du garçon qui avait terrorisé sa fille. Il trouve étrange qu'il parle à l'imam, à force de gestes des mains. - Que lui veut-il ? Un vieil ami à Boualem surprend sa question et son regard. - Cela ne te regarde pas. Allez, rentre chez toi ! Ce n'est pas quelqu'un de bien, évite-le ! Mohand hausse l'épaule. Il suit son conseil et rentre chez lui. Il n'a plus le temps de penser à ce qu'il a vu. Ses parents et ses frères sont venus dès qu'ils ont appris que Daya a été promise. Ses parents sont fâchés. - Comment as-tu osé la promettre sans nous consulter ? Et puis, qui est-ce ? - C'est un Algérois, répond Mohand, pour la énième fois de la journée. Il s'appelle Kamel, il est architecte. Pour ce qui est du fait que je ne vous ai pas amenés pour assister à sa demande officielle, je me suis dit que vous ferez sa connaissance, lors du mariage. Vous savez, vous n'avez rien raté de particulier ! Djohar qui ne voit plus depuis longtemps, demande à parler à Daya. - Elle est dans sa chambre, répond son fils. Je vais te mener à elle ! La tenant par le bras, il la mène à la chambre de sa fille. Daya l'accueille chaleureusement et, après l'avoir installée sur son lit, elle se plaît à poser la tête, sur ces genoux. - Alors comme ça, tu es promise à un Algérois ? - Oui, répond-elle en souriant alors que sa grand-mère passe doucement les doigts, sur son visage. Tu ne peux pas savoir combien je suis heureuse ! - Si… Crois-tu qu'aveugle, je ne vois pas en toi ? - Pourquoi dis-tu cela ? demande Daya en se redressant. - Ce garçon, c'est bien le fils de la famille maudite ? - N… Non, répond-elle. Il… - Mens aux autres ! Moi, tu ne m'auras pas, l'avertit sa grand-mère. Comment comptez-vous vous en sortir ? Un jour ou l'autre, on découvrira la vérité, sur son identité. Crois-tu que sa famille vous laissera tranquille ? Ils te feront regretter de t'être jouée d'eux ! - Grand-mère, je l'aime depuis si longtemps ! Je ne m'imagine pas vivre sans lui, soupire la jeune fille. Je sais qu'on va au devant des problèmes mais si c'est le prix à payer, on le payera ! - Votre relation est vouée à l'échec, poursuit la grand-mère. Annule tout ! C'est ce qui peut t'éviter des souffrances gratuites ! Même si vous arrivez à vous marier, jamais vous ne finirez votre vie ensemble ! Sois raisonnable, la prie-t-elle. Je te jure que tu me remercieras plus tard ! Je ne veux pas te voir souffrir. Daya prend ses mains et les embrasse. Les larmes qu'elle verse, émurent sa grand-mère. - Je t'en prie, ne leur dis rien ! Laisse-nous nous marier et vivre notre vie ! Je t'en prie. Si on devait se séparer maintenant, je ne crois pas que je survivrais ! - Mais c'est en te mariant avec lui que tu risques de mourir, dit Djohar. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur ! - Alors tais-toi, la prie-t-elle une nouvelle fois, si tu m'aimes vraiment ! Mohand les interrompt en revenant, avec le reste de la famille qui tenait à féliciter Daya. Tous remarquent ses larmes et son émoi. - Mais pourquoi pleures-tu ? - De joie, répond-elle. Je suis si heureuse de vous retrouver et d'avoir grand-mère à mes côtés ! Celle-ci hoche la tête, des larmes perlent à ses yeux. A. K. (À suivre)