Adoptant une conception très utilitariste de ses rapports avec les pays tiers méditerranéens, l'UE se focalise sur les questions de sécurité et d'émigration, oubliant ses promesses d'une zone Euromed de prospérité partagée, l'objectif majeur du processus de Barcelone. L'Allemagne préside depuis le 1er janvier, pour un semestre, l'Union européenne. Dans son agenda, un volet énergétique particulièrement important pour l'Europe. Il s'agit de sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'UE qui sera de plus en plus gourmande “en méthane”. En ce sens, Bruxelles, en vue de diversifier ses sources d'approvisionnement par rapport à la Russie, veut beaucoup plus de gaz algérien pour couvrir ses besoins à moyen et long terme. C'est pourquoi elle s'apprête à conclure sous la présidence allemande un accord stratégique en matière d'énergie avec l'Algérie, qui lui garantisse une plus grande sécurité en matière de couverture de ses besoins. Pour le reste, il ne faut pas s'attendre à grand-chose. L'orientation vers l'Est de la politique européenne s'accentuera avec l'arrivée de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l'union. Adoptant une conception très utilitariste de ses rapports avec les pays tiers méditerranéens, l'UE se focalise sur les questions de sécurité et d'émigration, oubliant ses promesses d'une zone Euromed de prospérité partagée, l'objectif majeur du processus de Barcelone. Ainsi, on voit mal Berlin jouer au rééquilibrage. Alger, qui s'en tient à la mise en œuvre de l'accord d'association, ne se fait pas beaucoup d'illusions sur le soutien européen à la mise à niveau des entreprises locales tant cette aide reste très modeste. Elle s'attend beaucoup plus à de la coopération en matière d'expertise. Plutôt que de se cantonner dans un rôle de gendarme, l'Algérie revendique un plus grand engagement européen en faveur de la croissance durable des économies de la rive sud, de plus grandes facilités en matière de visa. Pour l'Algérie, le libre-échange se développe à la faveur de la liberté de circulation des personnes. Pour l'Europe, moins encline à ce principe, la conception marchande prime. Elle s'attend rapidement à une plus grande ouverture du marché algérien. Pour quelles contreparties ? Cela explique en partie pourquoi les négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC piétinent. La partie européenne veut de larges concessions algériennes en matière d'ouverture du marché des services. L'Algérie ne semble pas pressée. Ce fossé n'annonce pas, nous semble-t-il, l'entrée de l'Algérie à l'OMC en 2007, d'autant que les points en suspens restent si nombreux. K. R.