Ce document présentera le résultat d'enquêtes auprès de 7 000 chefs d'entreprise de la région Moyen Orient-Afrique du Nord. La Banque mondiale (BM) annonce, dans le numéro trois de la revue Nawafid Maghreb (lettre d'information trimestrielle du groupe de la Banque mondiale au Maghreb), la publication en septembre 2007 d'un rapport sur le développement du secteur privé dans la région Moyen-Orient Afrique du Nord, portant notamment sur le rôle de l'Etat et des autres acteurs concernés dans sa promotion. Le rapport, explique M. Najy Benhassine, co-auteur du rapport avec M. Ahmed Galal, économiste senior dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord de la Banque mondiale, “apportera un état des lieux de ce qui se fait dans la région, des exemples de réussite et d'échec, et s'efforcera d'analyser les conditions de réussite de ces politiques, notamment en termes de capacité de l'Etat, de bonne gouvernance et de mesures d'impact”. Le travail analytique sur lequel se basera le rapport utilisera les données provenant d'enquêtes standards qui ont été réalisées par la BM, en collaboration avec des institutions de chaque pays, auprès d'environ 7 000 chefs d'entreprises distribués entre le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Liban, la Syrie, le Yémen, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et le sultanat d'Oman. À première vue, en ignorant les disparités de réponses entre pays, le taux d'imposition arrive en tête des problèmes. “Ceci est typique de ces enquêtes d'opinion de chefs d'entreprises et doit, bien entendu, être interprété avec précaution, notamment au vu des taux de fraude fiscale qui sembleraient être élevés dans la région. Par contre, cet élément est à prendre conjointement avec la contrainte relative à l'administration fiscale qui arrive en cinquième position, avec 40 % des entreprises qui la mentionnent comme une contrainte majeure. Liées à cela, les contraintes de corruption et de bureaucratie excessive sont aussi très souvent citées comme étant sévères dans les pays MENA. De manière plus générale, il s'agit de questions de gouvernance des administrations publiques auxquelles font face les entreprises – un thème récurrent dans la région”, souligne M. Najy Benhassine. En tête des contraintes auxquelles font face les entreprises, apparaissent aussi la question du financement des entreprises, l'instabilité économique, l'informel, l'accès au foncier et la formation. Un des objets du travail d'analyse en cours, précise M. Najy Benhassine, “sera de faire la part des choses dans ces réponses de perception de contraintes, en les contrastant, notamment, avec la réalité du climat des affaires auxquelles font face ces entreprises, et en distinguant quels types d'entreprises se plaignent plus ou moins de certaines contraintes (notamment les entreprises en croissance par rapport aux entreprises en déclin, les entreprises nouvelles par rapport aux entreprises anciennes, etc.)”. Le débat sur les problèmes d'accès au crédit des entreprises, notamment les PME, explique Najy Benhassine, s'articule depuis longtemps autour de deux camps : d'un côté, les banques se plaignent de la qualité des dossiers de demandes de crédit qu'elles reçoivent, du manque de transparence des PME, de la mauvaise qualité de la gestion d'entreprise, et, in fine, de la rareté des projets viables qu'elles pourraient financer en dépit de leurs liquidités accrues. D'autre part, les PME se plaignent de la frilosité des banques vis-à-vis de leur secteur, des garanties exorbitantes qui leur sont systématiquement demandées, en face du peu d'intérêt des banquiers vis-à-vis des projets en soi et des cash-flows qu'ils pourraient générer à l'avenir, et enfin des conditions défavorables d'octroi des crédits — taux et termes. Du coup, M. Najy Benhassine parle d' une série d'enquêtes que la Banque mondiale entreprend actuellement auprès des principales banques de six pays de la région (Maroc, Algérie, Egypte, Liban, Jordanie, Yémen) afin de compléter les enquêtes d'entreprises déjà réalisées, et d'analyser ainsi tant les contraintes d'offres de crédit que celles de la demande. Les sources de revenus existantes (bons du Trésor, crédits consommation, commerce extérieur, grands comptes, etc.) incitent-elles les banques à développer de nouveaux produits dans de nouveaux segments de PME ou leurs portefeuilles actuels sont-ils suffisamment profitables ? Y a-t-il assez de compétition sur les places bancaires de MENA ? Les banques sont-elles équipées pour servir les PME (système d'information, organisation, etc.) ? Quelles sont les contraintes auxquelles font face les banques dans le financement du crédit d'entreprise ? C'est à ces question que l'enquête tentera d'apporter des réponses. Le rapport offrira un état des lieux de l'environnement du marché du crédit. Enfin, le rapport se propose de faire la part des choses entre les insuffisances des politiques publiques pour mettre en place un climat des investissements adéquat, mais aussi les insuffisances du secteur privé dominant dans les pays de la région. Une enquête auprès des 20 à 25 groupes privés les plus importants dans six pays de la région est en préparation. Meziane rabhi