Des habitants du sud de la Somalie ont fait état, hier, d'un nouveau raid mené par l'armée américaine. Le gouvernement de transition somalien a catégoriquement démenti cette information et, à Washington, le porte-parole du Pentagone, Chris Isleib, a affirmé qu'il ne disposait d'aucune information sur d'éventuels nouveaux raids. Washington, qui a reconnu mardi avoir bombardé dans le sud de la Somalie, se veut prudent pour ne pas voir éclater un scandale du genre de ceux qui ont émaillé son aventure en Irak, se contentant de marteler que son objectif restait limité à la neutralisation de dirigeants du réseau terroriste Al-Qaïda, réfugiés dans ce pays carrefour de la corne de l'Afrique. Les autorités de transition en Somalie, conscientes du sentiment antiaméricain au sein de leurs populations, cherchent également à ménager le courant islamiste en l'exhortant à la réconciliation. Après la déroute des forces des Tribunaux islamiques face aux troupes éthiopiennes et gouvernementales, le gouvernement veut les désarmer pour rétablir la stabilité, particulièrement dans la capitale, mais sans recourir à leur désarmement par la force. Si le monde veut une Somalie pacifiée, il doit nous aider à régler pacifiquement la question des miliciens, a jugé le Premier ministre, Ali Mohamed Gedi, qui a publié un décret appelant tous les miliciens du pays, dont les islamistes, à se rassembler dans des camps d'entraînement des forces gouvernementales. Pays en guerre civile depuis 1991, la Somalie compte, en plus des milices islamistes, de très nombreux hommes en armes qui louent leurs services aux chefs de clans et aux commerçants. Le gouvernement éthiopien, qui a engagé son armée en décembre en Somalie contre les islamistes, a jugé, pour sa part, avoir rempli sa mission d'éradiquer chez son voisin la menace posée par les groupes terroristes. Le ministre éthiopien de l'Information a même laissé entrevoir le retrait de l'armée éthiopienne de la Somalie sous peu, estimant que le gouvernement de ce pays a atteint un niveau lui permettant de diriger le pays par lui-même. Addis-Abeba reconnaissait, néanmoins, que quelques dirigeants islamistes sont encore dispersés dans le pays, et assure que les opérations pour les capturer et les traduire en justice sont encore en cours. 3 000 miliciens islamistes en armes sont toujours dans Mogadiscio. L'Ethiopie souhaite voir l'Union africaine prendre son relais le plus vite possible en Somalie en y déployant une force de paix. À Mogadiscio, les troupes éthiopiennes ont été la cible de plusieurs attaques depuis le début de la semaine. D. B.