Tous derrière et lui devant. Lui, c'est Nicolas Sarkozy, le ministre français de l'Intérieur qui a été intronisé hier comme candidat de la droite à l'élection présidentielle d'avril mai. Il a été désigné par 98,1% des suffrages dans un vote par Internet des militants de l'UMP, le parti (au pouvoir) qu'il dirige. La participation a été de 69,06% à ce plébiscite sans suspense puisque Sarkozy était le seul candidat. Le seul enjeu de cette démonstration de force était d'afficher que l'UMP et ses quelque 337 000 adhérents étaient désormais rassemblés autour de leur champion, après des semaines d'escarmouches entre “Sarkozystes” et le dernier carré des fidèles du président Jacques Chirac. Irréductible opposant au numéro 2 de son gouvernement qui a brisé son élan, le Premier ministre, Dominique de Villepin, a fait une brève apparition dans l'enceinte du congrès avant de s'éclipser sans même attendre le discours de l'élu. Le congrès a pris les allures de grand-messe à laquelle ont assisté quelque 80 000 personnes parmi lesquelles on distinguait des Asiatiques, des Maghrébins et des Blacks. L'entourage de Sarkozy a fait en sorte que la diversité puisse être visible dans cette cérémonie parfaitement mise en scène. Pour rallier les 80 000 personnes à la Porte de Versailles, on n'a pas lésiné sur les moyens. Des TGV et des cars ont été affrétés et les invitations ont été distribuées à tour de bras. Il ne fallait pas nécessairement être adhérent à l'UMP pour y avoir droit. Dans son discours de plus d'une heure, Sarkozy s'est présenté comme le “président du peuple” mettant en avant la “République réelle et effective” de la droite contre la “République virtuelle de la gauche”. Il s'est abstenu d'attaquer son adversaire socialiste. Une mission manifestement dévolue à son entourage qui a multiplié les attaques contre Ségolène Royal. Elle apparaît finalement plus redoutable que la droite ne l'imaginait. Dans les sondages, le coude à coude se poursuit à moins de 100 jours du premier tour de scrutin. Celui qui, dès Chirac réélu en 2002, a commencé à penser à l'horizon qui vient de s'ouvrir, “pas seulement en se rasant”, a ainsi assouvi une première ambition. À quel prix ! Son camp s'est déchiré et il ne reste plus que Chirac à ne pas avoir fait connaître ses intentions. Personne ne le voit pourtant se lancer dans la course vers un troisième mandat. L'enjeu est désormais de savoir si le chef de l'extrême droite Jean-Marie le Pen obtiendra les 500 parrainages d'élus nécessaires à sa candidature. Y. K.